Livre en braille au prix unique : le Centre de transcription et d'édition en braille "espère des soutiens financiers forts pour pouvoir pérenniser" la mesure
"On espère des soutiens financiers forts pour pouvoir pérenniser ce qu'on est en train mettre en place", a lancé mercredi 4 janvier sur franceinfo Adeline Coursant, directrice du Centre de transcription et d'édition en braille (CTEB), alors que de 2 000 livres en braille sont désormais accessibles au tarif d'un livre classique, plus de 40 ans après l'institution du prix unique du livre. "Les personnes en situation de handicap n'ont jamais été incluses dans cette loi", rappelle Adeline Coursant.
Elle se dit "émue" du lancement de cette offre "le jour anniversaire de la naissance de Louis Braille", né le 4 janvier 1809. La directrice du CTEB espère aussi "pouvoir produire des livres à la demande".
franceinfo : Pourquoi ce prix unique ne s'applique-t-il que maintenant, alors qu'il a été mis en place il y a 40 ans pour les livres classiques ?
Adeline Coursant : L'édition classique n'a pas du tout pris en compte l'édition adaptée. L'édition adaptée, ce n'est pas seulement pour les aveugles, le braille. C'est aussi les éditions pour les dyslexiques, pour les sourds, pour des personnes en situation de handicap. Ils n'ont jamais été inclus dans cette loi. On laissait aux associations, puisque c'est surtout le secteur associatif qui produit l'édition adaptée, de fixer les prix de leur propre chef. Et les prix étaient fixés bien sûr en fonction du coût de production. Mais le coût de production n'est jamais revêtu par le prix de vente.
Vous avez décidé d'assumer cette baisse de prix de vente en librairie. Est-ce que vous allez avoir besoin de soutien ?
C'est un risque que je souhaitais prendre. Cela fait huit ans maintenant que je dirige le centre de transcription et d'édition en braille à m'épuiser à chercher des financements, à interpeller les pouvoirs publics, à rechercher des mécènes. On n'a pas le compte. On n'est pas assez entendu. Provisoirement, avec une bonne gestion, j'ai constitué un fonds associatif qui va pouvoir permettre de lancer ça. Et c'est ce que nous lançons aujourd'hui, jour anniversaire de la naissance de Louis Braille et Journée mondiale du braille. Donc je suis très contente et très émue de pouvoir enfin annoncer aux aveugles qu'ils vont pouvoir payer leurs livres au même prix que monsieur et madame tout le monde.
Ce fonds de soutien, combien de temps va-t-il vous permettre de tenir ?
Je pense qu'on va pouvoir tenir deux ans, trois au grand maximum. Mais j'espère au moins que cette initiative va pouvoir sensibiliser le public à la déficience visuelle, aux besoins, à l'équité et à l'égalité des chances, au droit à l'information et à la culture et qu'on aura par là même un peu plus de regard sur nos activités, mais surtout le regard sur le quotidien des aveugles et leur permettre de pouvoir continuer. Donc oui, on espère des soutiens financiers forts pour pouvoir pérenniser ce qu'on est en train mettre en place.
Ces dernières années, le livre audio a permis de combler un manque chez les déficients visuels. Qu'est-ce que le livre en braille apporte de plus ?
Par l'audio, c'est très difficile d'entendre l'orthographe des mots. Donc cela ne permet pas d'écrire, ça ne permet pas de savoir lire correctement l'écriture d'un mot. Un livre audio, c'est très bien. À certains moments, il faut utiliser les trois formats, que ce soit l'audio, que ce soit le numérique, que ce soit le papier. Ces trois formats correspondent à des contextes complètement différents. Vous prenez l'exemple de l'audio. Oui, vous allez pouvoir être inspiré par l'histoire, mais surtout par la personne qui raconte et qui lit le texte. Et cette personne a ses propres filtres et son propre imaginaire et sa propre retranscription du texte de l'auteur. Donc ça ne vous permet pas de vous faire votre propre histoire par rapport au récit de l'auteur et l'imaginaire en est diminué.
Comment on choisit de publier un livre en braille ?
On a un comité de lecture en interne à l'association. Ce sont tous des férus de lecture qui repèrent un peu les livres qui pourraient plaire. Et puis on se laisse conseiller aussi. Effectivement, c'est très peu de livres qu'on peut faire réellement. Aujourd'hui, c'est à peu près 120 nouveautés par an. Moi à terme, avec ce projet et la nouvelle tarification des livres, mon souhait le plus fort, c'est aussi de pouvoir produire des livres à la demande. Par exemple, vous avez une personne qui me dit : je suis intéressé par l'Égypte ancienne ou par une période historique particulière. Le livre existe. Mais évidemment, ce sera la seule personne à le demander. Je pouvoir lui dire oui monsieur, oui madame, dans trois semaines, vous aurez votre livre.
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