La renaissance de Priscille, première femme de France équipée d’un bras bionique
Il y a un peu plus de deux ans, Priscille Deborah, victime d’une triple amputation devenait la première patiente en France à être équipée d’un bras bionique. Une prouesse médicale et technologique qui a radicalement changé sa vie. En mars dernier, un autre patient a pu bénéficier lui-aussi de cet appareillage high tech. #IlsOntLaSolution
Les nerfs ont une mémoire incroyable. Douze ans après sa triple amputation, ceux de Priscille Deborah ont su retrouver leur fonction première, faire la jonction entre le cerveau et les muscles : "Mon cerveau a appris à l’intégrer à mon corps et du coup je n’y pense même plus. Je n’ai même plus l’impression de donner la commande", souris cette pionnière qui, avec son bras bionique, véritable concentrée de technologie, écrit, cuisine et peint. Elle est même devenue une artiste reconnue.
Derrière cette prouesse, deux chirurgiens du centre de la main de la clinique Jules Vernes à Nantes, dont le docteur Edward de Keating Hart, qui après plusieurs heures d’opération délicate, ont réussi à réveiller des nerfs en sommeil depuis l’amputation et utiliser les muscles restant pour faire fonctionner cette mécanique de précision : "Les nerfs qui sont dans le moignon sont toujours là mais ils n'ont plus de fonction, car ils ont besoin d’un muscle. Donc, on prend ces nerfs, il y en a trois principaux, et on va faire un travail chirurgical, c’est-à-dire prendre des muscles restants et on va les faire connecter avec le nerf qui ouvre et ferme la main".
Un défi médical et technologique
Résultat, après deux longues années de rééducation, des gestes beaucoup plus fluides, précis, et donc moins de fatigue musculaire et cérébrale pour les effectuer. Une technique mise au point aux États-Unis, qui permet également de lutter contre la douleur dite des membres fantômes.
Une aventure à laquelle participe de très près l'orthoprothésiste Sylvio Bagnarosa, présent dès le bloc opératoire, puis pendant toute la période de rééducation. Avant la prothèse finale, il a fabriqué entre près d’une vingtaine de modèles, tenant compte de l'évolution du bras de Priscille au fil des semaines. Un défi médical et technologique aussi onéreux (160 000 euros la prothèse) que porteur d'espoir. En matière de prothèses bioniques, les chercheurs n'ont pas dit leur dernier mot comme l’explique le prothésiste : "Moi, mon rêve c’est de voir un amputé jouer du piano. Ce serait magnifique de pouvoir reproduire tous ces mouvements avec une facilité naturelle".
Le dernier patient à avoir bénéficié de ce genre de prothèse a été opéré au mois de mars à Nantes. Priscille Deborah, elle, a écrit un livre : Une vie à inventer. Elle y retrace le chemin parcouru depuis sa tentative de suicide en 2006. Aujourd'hui, sa peinture est reconnue, et elle pratique la plongée, le ski, l'équitation, tout cela de façon quasi autonome.
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