Conférence nationale du handicap : accueil dans les établissements, démarches administratives... Trois questions sur l'accessibilité en France
Emmanuel Macron promet, à l'occasion de la sixième Conférence nationale du handicap, mercredi 26 avril, à l'Élysée, "70 mesures fortes" qui vont déterminer les politiques du handicap dans les trois années à venir. Une conférence boycottée par le Collectif Handicaps, qui regrette un "manque de concertation". Des associations dénoncent aussi les retards dans l'amélioration de l'accessibilité des lieux publics, des écoles, des transports.
1 Quelle est la situation dans les établissements recevant du public ?
Ça progresse, mais il y a encore du travail. Il y a deux millions d'établissements recevant du public dans le pays, et moins de la moitié sont considérés comme "conformes" aux politiques d'accessibilité, selon la page "Politique de l'accessibilité" du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et du ministère de la Transition énergétique. Et encore, ce que le gouvernement appelle "conforme" recouvre des réalités bien différentes. En réalité, seulement un quart des établissements recevant du public sont réellement accessibles. Le problème, c'est que la majorité des établissements non-conformes sont ceux qui sont les plus utiles au quotidien, les commerces, les restaurants, les établissements de soins, les tribunaux.
Il reste du travail aussi dans les transports. Seulement une gare sur neuf est accessible, selon un décompte de la SNCF. Les réseaux de métro sont accessibles à Lille, Toulouse, Rennes, mais pas encore à Paris, Lyon et Marseille. Quelque 44% des arrêts de bus de villes le sont, contre 25% des arrêts des réseaux interurbains, selon les chiffres du Cerema, le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement.
2 Les démarches administratives en ligne sont-elles toutes adaptées ?
On en parle moins souvent, mais l'accessibilité c'est aussi sur internet. De plus en plus de démarches administratives sont numériques. Nous travaillons de plus en plus devant des ordinateurs, et cela crée des difficultés notamment pour les mal-voyants. Sur les 250 démarches administratives en ligne les plus fréquentes, seulement 90 sont accessibles, selon l'Observatoire de la qualité des démarches en ligne. Ce n'est pas possible, par exemple, de déposer une pré-plainte ou de demander un logement social. Le site impots.gouv.fr pose également problème car il n'est que partiellement accessible. Il n'est pas possible d'y déclarer ses revenus, quand on a une déficience visuelle en raison du captcha, une mesure de sécurité servant à différencier un humain d'un ordinateur.
3 Pourquoi le 100% d'accessibilité promis par la loi de 2005 est-il aussi lent à se mettre en place ?
Il y a plusieurs raisons. La première, c'est que la loi de 2005 imposait des délais très courts : 10 ans pour se mettre aux normes. Beaucoup de petites entreprises n'avaient pas les moyens de faire les travaux nécessaires. L'État leur a donc accordé un nouveau délai.
>>> Accessibilité des lieux aux personnes handicapées : délais prolongés !
L'autre raison, ce sont les nombreuses dérogations accordées. Le métro parisien en a une, plus de 15% des établissements recevant du public aussi en raison de difficultés techniques, financières, juridiques ou au nom de la conservation du patrimoine. Le gouvernement invoque également la pandémie de Covid-19 pour expliquer les lenteurs.
Mais l'Association des paralysés de France, dénonce pour sa part l'inaction et le manque de volonté de l'État. Elle craint un "scénario catastrophe" pour toutes les personnes handicapées qui viendront du monde entier pour assister aux Jeux olympiques et paralympiques de 2024.
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