Aidants : un kit Internet pour les aider
Onze millions[1] de Français sont des aidants et plus de la moitié travaillent. Comme le rappelle Claudie Kulak, les aidants ne sont uniquement des personnes âgées, qui s'occupent de leur conjoint en perte d'autonomie : "la moyenne d'âge des aidants est de 53 ans, 56% sont de femmes et 226 km séparent l'aidant de son proche."
Des aidants nombreux et encore actifs
Ces chiffrent posent d'emblée l'ampleur du problème : l'aidant est un salarié, qui doit conjuguer vie professionnelle, vie personnelle et vie d'aidant... "Ils nous donnent un profil différent des aidants, et donc d'autres besoins exprimés par des gens qui doivent avoir des informations très pratiques pour gérer leur proche", explique Claudie Kulak.
L'association Journée nationale de aidants a donc mis un point d'honneur à réaliser un site qui remplirait cette mission. Décliné sous forme d'univers, ce "kit des aidants" a été mis en place dans le prolongement de la Journée nationale des aidants de 2016, qui avait pour thème la conciliation de la vie professionnelle et du rôle d'aidant.
Le site propose des réponses concrètes pour trouver du soutien, informer sur les solutions de répit et même sur les gestes à adopter pour bouger un proche sans se blesser. "80% des aidants assurent les soins, la toilette, la mise en place des bandes de contention, développe Claudie Kulak. On peut se faire mal et faire mal à son proche. Nous proposons donc des vidéos montrant les bons gestes."
Cet outil ressource se décline suivant plusieurs univers : au domicile de l'aidé pour favoriser son maintien à la maison, en maison de retraite, ou en entreprise, pour coller au plus proche des besoins de l'aidant. La santé de l'aidant n'est pas oubliée (voir encadré).
Des aides financières, techniques ou humaines
Le site détaille les endroits où trouver de l'aide, avec en premier lieu la municipalité pour les droits et les aides (financières ou autre), puis les associations pour bénéficier d'un peu de soutien. La compagnie des aidants est ainsi le premier réseau social d'entraide et il fourmille de services concrets.
Parmi les solutions pratiques à la disposition des aidants, le centre de répit est méconnu : "il existe des centres de répit où l'on peut aller en vacances avec son proche qui est pris en charge tandis que l'aidant se repose", détaille la présidente. Ces centres offrent une pause salutaire, en sachant que le proche malade est bien. Pour connaître le plus proche, Olivier Morice, ancien président de l'association Journée nationale des aidants, précisait dans un article d'Allodocteurs.fr (10 octobre 2016), qu'il fallait se rendre dans sa mairie ou surtout contacter le département (qui renseignera notamment sur les CLIC, les Centres Locaux d'Informations et de coordination gérontologiques), ou même sa mutuelle.
Quant au passage à la maison de retraite est souvent mal vécu, même s'il est incontournable. "Nous voulons également montrer un autre regard sur les maisons de retraite, rassure la présidente de l'association. Quand le proche ne peut plus vivre en toute sécurité à son domicile, il ne faut pas culpabiliser de le mettre en maison de retraite. On n'a pas le choix…"
Des progrès encore insuffisants
"Les familles sont en train de s'appauvrir pour aider leur proche, s'exclame Claudie Kulak. Quand on pense aux 226 km, et que l'on doit prendre des allers et retours réguliers pour une fin de vie, cela a un coût pour les familles qui le paient très cher."
Certes, des progrès sont en cours, mais ils présentent des limites de taille. Comme avec le congé de proche aidant, qui est entré en vigueur le 1er janvier 2017 ; les entreprises ne peuvent pas refuser un congé de trois mois, renouvelable une fois, pour s'occuper d'un proche, qu'il soit un membre de la famille ou un ami. "Hélas ce congé n'est pas rémunéré, déplore la présidente de l'association. Quel salarié pourra le prendre pour s'occuper d'un proche, en sachant qu'il y a en plus des coûts annexes comme se déplacer et faire des achats pour le proche ?" Elle va même plus loin en estimant que les salariés, au lieu de prendre le congé, se mettront en arrêt-maladie, que la sécurité sociale qui paiera… Une remise à plat du système, avec un dialogue entre les syndicats, les mutuelles, les assurances autour de la table lui semble impérative.
"Sur un plan purement économique, un salarié aidant s'arrête 16 jours de plus qu'un non aidant, reprend-elle. L'absentéisme a un coût dans l'entreprise ! Il faut changer les mentalités, un salarié n'ose pas en parler alors qu'il est une ressource incroyable pour une entreprise parce qu'il est confronté à tellement de situations critiques où il doit trouver des solutions concrètes rapidement. Il faut absolument valoriser cette compétence…"
Heureusement, les mentalités sont en voie de changement dans les entreprises, les directeurs des ressources humaines comprennent la nécessité d'accompagner les salariés aidants. Le travail est un vrai moment de répit dans leurs activités d'aidant… Et ils seront d'autant plus investis dans une entreprise qu'elle les aidera. "Il faut un peu plus d'humanité, conclut Claudie Kulak. Que les internautes n'hésitent pas à nous contacter par email ou au numéro suivant : 01 76 28 40 81. Nous sommes là pour eux et nous sommes là toute l'année !"
[1] Source : baromètre Aidants, sondage réalisé en 2015 sur un échantillon représentatif de 1997 personnes
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