Faibles ressources financières, violences conjugales… Une étude établit une série de facteurs de risque de maltraitance infantile

D'après une étude publiée le 14 mai, un environnement familial à risque favorise la maltraitance des bébés.
Article rédigé par franceinfo
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Illustration d'un pied de bebe. (JOSSELIN CLAIR / MAXPPP)

Quel est l'environnement familial des bébés maltraités ? Une étude française est parue, le mardi 14 mai, sur le sujet dans une des revues du journal scientifique The Lancet. Cette étude épidémiologique menée à très grande échelle a permis d’identifier une série de facteurs de risque de maltraitance.

Sur les six millions de bébés nés en France entre 2010 et 2019, Flora Blangis, sage-femme et auteure de cette étude, s’est penchée les 3 000 âgés de moins d'un an hospitalisés pour maltraitance, c'est-à-dire battus, secoués ou étranglés... À chaque fois, elle a identifié des facteurs de risque chez la mère de ces enfants : "De faibles ressources financières, un âge inférieur à 20 ans, un trouble de l'usage de l'alcool ou d'opiacés, avoir été hospitalisée pour des violences conjugales, avoir eu une pathologie psychiatrique chronique ou somatique chronique ou avoir été hospitalisé en psychiatrie un an avant la grossesse, pendant la grossesse ou un an après la grossesse."

"Populations extrêmement fragiles"

Attention : l’étude établit un environnement à risque mais ne dresse pas un lien de causalité entre ces mères et la maltraitance. Car la façon dont a été menée cette étude ne permet pas de dire qui est l'auteur des violences, cela peut être le père par exemple. Cet environnement à risque des mères précaires et fragiles, c’est une sociologie qui a changé au fil des ans, analyse Claire El Khébir-Bergantini, responsable des services sociaux à l’hôpital Necker à Paris : "Il y a 15 ans, cela touchait toutes les catégories socioprofessionnelles. Depuis quelques années, on est sur des populations extrêmement fragiles, très précaires, qui n'ont pas encore compris qu'il ne faut pas secouer un bébé parce que l'information ne les a pas touchées. Parce que ce sont des primo-arrivants ou des familles qui vivent à plusieurs dans des toutes petites pièces qui sont vraiment des facteurs de risque énormes et avec des familles souvent monoparentales et des mères seules."

Pour elle, la précarité favorise la maltraitance des bébés : "On dit : 'Si votre enfant pleure laissez-le pleurer dans sa chambre'. Mais quand il n'a pas de chambre et que tout le monde vit dans le salon ce n'est pas possible." Cette étude va pouvoir aider les professionnels de santé et du social, imagine dès lors Flora Blangis, son auteure : "L'identification de ces facteurs permettrait aux soignants en maternité, par exemple, d'allouer le passage d'une puéricultrice de la PMI [protection maternelle et infantile] chez les familles qui auraient besoin de ces actions."

Car la plupart des aides existent déjà, confirme Claire El Khébir-Bergantini : "Il y a aussi les maisons des 1 000 jours où elles peuvent dire : 'Je n'en peux plus'. Il faut trouver de façon un peu alternative, soit des jardins d'enfants, soit des haltes-garderies qui pourraient garder les enfants pour que la maman puisse se reposer surtout si elle a d'autres enfants et surtout si elle est seule." Après avoir étudié le profil des mères des bébés maltraités, les chercheurs imaginent désormais travailler sur le profil de leurs pères, également.

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