Pour l'hygiène des bébés, "il faut choisir des produits avec un nombre limité de composants"
Dans une étude publiée le jeudi 23 août, le magazine "60 millions de consommateurs" alerte sur la toxicité de certains produits hygiéniques pour bébés. Benjamin Douriez, rédacteur en chef adjoint du magazine, revient sur ces analyses.
Couches-culottes, laits apaisants, crèmes hydratantes, produits nettoyants... Pour son numéro publié jeudi 23 août, le magazine 60 millions de consommateurs a passé au crible la composition de 155 produits d'hygiène pour bébés. Certains d'entre eux, dont des références de grande marque, contiennent des substances à éviter pour les nourrissons. Benjamin Douriez, rédacteur en chef adjoint du magazine, nous en dit plus sur cette étude.
Franceinfo : Cette étude est-elle inquiétante pour le consommateur ?
Benjamin Douriez : Ce dossier comporte des bonnes nouvelles et des mauvaises surprises. Sur les couches pour bébés, par exemple, nous avons été surpris de remarquer que les deux références qui étaient sorties en tête de notre essai de 2017 sont cette fois beaucoup moins bien positionnées. Les couches des marques Love & Green et Mots d'enfants, leaders du marché en termes de non-toxicité il y a un an et demi, comportent maintenant des traces de substances toxiques, comme des résidus de glyphosate. Cela peut être dû à un changement de sous-traitants, de matières premières, de procédé de fabrication... Ça fait partie des mauvaises nouvelles.
En revanche, la majorité des références analysées ne contiennent pas de substances indésirables : il est donc possible de fabriquer des couches sans ces substances, et les parents peuvent d'ores et déjà les trouver en magasin.
Benjamin Douriez, rédacteur en chef adjoint de "60 millions de consommateurs"à franceinfo
Sur les autres produits hygiéniques pour bébés, le constat est le même : on peut voir le verre à moitié vide ou à moitié plein. Il y a des produits très préoccupants que nous n'avons pas décelés du tout dans notre analyse de 2018, alors que des substances éventuellement dangereuses comme le phénoxyéthanol, très controversé, ont été retrouvées dans certains produits de grandes marques.
Votre étude montre que les produits de grande marque ne sont pas toujours les plus vertueux...
Il est important pour nous d'alerter les parents sur ces grandes marques. Quand on voit des entreprises comme Nivea ou Mixa, connues de manière très large, utiliser des produits tels que le phénoxyéthanol, on se pose des questions. [En 2012, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) avait recommandé que ce conservateur ne soit pas utilisé dans les produits cosmétiques destinés au siège des bébés.]
Ces marques inspirent de la confiance aux consommateurs et elles devraient montrer l'exemple plutôt que de se reposer sur leurs lauriers.
Si leurs concurrents, qui n'ont pas forcément les mêmes moyens financiers, peuvent se passer des substances toxiques dans leurs produits, alors ces grandes marques peuvent le faire aussi.
Benjamin Douriez, rédacteur en chef adjoint de "60 millions de consommateurs"à franceinfo
Les étiquettes suffisent-elles pour s'y retrouver ?
La question de l'étiquetage est primordiale. Pour les couches-culottes, le problème est large : à ce jour, aucune réglementation n'oblige à indiquer la composition exacte des couches. On le regrette, même si cela bouge tout doucement depuis notre dernière étude. Certains fabricants donnent plus d'informations que d'autres sur la composition de leurs produits, mais ne donnent l'information que sur internet. Le consommateur doit faire, de lui-même, la démarche de consulter un site web, et cela n'est pas normal. Cette composition devrait être directement imprimée sur le paquet.
Sur les autres produits de soin, la question de l'étiquetage des parfums est, elle aussi, délicate. Sur la plupart des produits, le mot "parfum" est bien indiqué, mais on ne sait pas quel "type" de parfum est utilisé. Une liste européenne définissant les parfums allergisants existe bien, mais elle n'est pas complète, ce qui est problématique.
Concrètement, comment doit donc se comporter le consommateur face aux produits hygiéniques pour bébés ?
En premier lieu, il faut absolument limiter le nombre de produits que l'on utilise sur son enfant. Certaines études expliquent qu'en moyenne, six produits d'hygiène différents sont appliqués au quotidien sur un bébé. C'est trop. Dans la majorité des cas, cela ne se justifie pas.
Benjamin Douriez, rédacteur en chef adjoint de "60 millions de consommateurs"à franceinfo
Ensuite, il faut essayer de choisir des produits avec un nombre limité de composants. Plus leur liste est courte, plus elle est lisible. Les chances de trouver des substances toxiques sont aussi moins grandes.
Notre troisième conseil pour les parents est de bannir totalement les produits hygiéniques comportant du parfum. Un bébé n'a pas besoin de sentir bon. Dans de très nombreux cas, ces parfums sont allergisants.
Enfin, il ne faut pas se fier à la notoriété des marques. Les plus connues ne sont pas forcément les plus vertueuses, et surtout, tous les produits d'une même marque ne se valent pas tous.
L'intégralité du guide d'achat de 60 millions de consommateurs est disponible dans le numéro 540 du magazine, actuellement en vente en kiosques.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.