Ce que l'on sait de la recrudescence de l'épidémie de coqueluche en France

Depuis le début de l'année 2024, une vingtaine de foyers d'infection ont été identifiés dans huit régions de l'Hexagone, contre deux cas groupés dans une seule région en 2023, alerte Santé publique France.
Article rédigé par Florence Morel
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Une médecin prépare une dose du vaccin DTP, qui immunise notamment contre la coqueluche, le 7 juin 2021 à Berlin (Allemagne). (FABIAN SOMMER / DPA / AFP)

Un appel à la vigilance pour tous les jeunes parents et leurs nourrissons. Santé publique France (SPF) enregistre depuis le début de l'année 2024 une hausse des cas de coqueluche. Cette maladie respiratoire d'origine bactérienne très contagieuse peut s'avérer grave chez les personnes fragiles, en particulier les personnes âgées, les femmes enceintes et les bébés de moins de six mois encore non protégés par la vaccination.

Si la France n'est pas le seul pays européen concerné par cette recrudescence, l'agence de santé publique appelle, dans un bulletin publié jeudi 18 avril, à "une vigilance renforcée". Voici ce que l'on sait de cette hausse des cas en France et Europe. 

Une maladie très contagieuse et dangereuse pour les tout-petits

La coqueluche est une infection respiratoire provoquant des quintes de toux qui, en l'absence de traitement, peuvent se prolonger pendant plusieurs semaines. Elle est particulièrement dangereuse chez les personnes âgées, les femmes enceintes et les nourrissons qui n'ont pas encore été vaccinés (la première dose de vaccin est injectée à l'âge de deux mois, puis une seconde dose est administrée à quatre mois).

Chez les nouveaux-nés, la coqueluche peut entraîner une hospitalisation, voire être mortelle. "Le séjour à l'hôpital est systématique pour les bébés de moins de trois mois", précise l'Assurance maladie. En France, "plus de 90 % des décès par coqueluche surviennent au cours des six premiers mois de vie, et notamment au cours des trois premiers mois", prévient également la Haute Autorité de santé (HAS).

Si Santé publique France appelle à la vigilance, c'est parce que cette maladie est très contagieuse. Une personne malade peut contaminer en moyenne 15 à 17 personnes et la période d'incubation, c'est-à-dire le moment entre la pénétration de la bactérie dans l'organisme et l'apparition des premiers symptômes, est d'environ dix jours, rappelle l'Assurance maladie. Cette contamination se fait par voie aérienne, au contact des gouttelettes provenant du nez ou de la bouche du malade et projetées lors de la toux.

En France, où la vaccination contre cette maladie est obligatoire pour les nourrissons depuis 2018, la contamination se fait via des adultes, qui contaminent les bébés trop jeunes pour être vaccinés. C'est pourquoi la HAS recommande, depuis 2022, aux femmes enceintes de se faire vacciner. Plus largement, l'Assurance maladie encourage également les adultes ayant un projet parental à se faire vacciner contre la maladie.

Vingt foyers de contamination recensés en France depuis le début de l'année

Depuis le début du mois de janvier, une vingtaine de foyers de contamination ont été identifiés par Santé publique France, dans huit régions de l'Hexagone. Un chiffre dix fois plus important que sur l'ensemble de l'année 2023. L'an dernier, deux groupements de cas avaient été recensés, dans une seule région : l'Ile-de-France. Selon SPF, 18 bébés atteints de coqueluche avaient alors été recensés, dont 13 dans le cadre familial, quatre en collectivité et un dernier cas isolé.

Au total, Santé publique France a décompté 70 cas de coqueluche au premier trimestre 2024, majoritairement en collectivité (écoles maternelles, primaires, haltes-garderies et maisons maternelles) et dans le cadre familial. En 2023, 39 cas avaient été comptabilisés en France au total. "Compte tenu de cette nette augmentation du nombre de cas groupés rapportés, Santé publique France reste en vigilance et rappelle l'importance de la vaccination pour protéger les personnes à risque de formes graves", note l'agence dans son bulletin.

SPF craint une augmentation des cas "dans les mois à venir"

Cette recrudescence de l'épidémie révèle ainsi "une reprise de la circulation de la bactérie en communautaire qui pourrait s'intensifier dans les prochains mois", prévient Santé publique France. La coqueluche a cette particularité d'évoluer par cycles de recrudescence tous les trois à cinq ans. Si bien que depuis 1997, six pics ont été répertoriés par SPF. Le dernier date de 2017-2018, avec 162 cas dénombrés.

Une nouvelle flambée de cas aurait dû être observée en 2021-2022, mais c'est l'inverse qui s'est produit, "probablement" en raison des mesures sanitaires mises en œuvre pour lutter contre le Covid-19, avance SPF. Le nombre de cas n'a cessé de diminuer depuis 2018, pour atteindre 34 cas en 2022 et quatre cas en 2021 chez les nourrissons de moins de 12 mois. 

Ainsi, "la vigilance reste de mise, avec la nécessité de renforcer la sensibilisation de la population à cette maladie et ses modalités de prévention", souligne Santé publique France. Et ce même si, pour l'heure, "la situation française n'est pas comparable avec celle de nos voisins européens et outre-Atlantique, qui rapportent plusieurs centaines de cas par semaine depuis le dernier trimestre 2023".

L'épidémie est en recrudescence chez nos voisins européens

En dehors des frontières françaises, l'Europe connaît en effet une recrudescence de cas de coqueluche, soulève un rapport du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) publié fin mars. Des épidémies importantes sont observées en Croatie, avec plus de 1 000 cas enregistrés depuis le début de l'année, contre quelques dizaines habituellement. Des hausses significatives ont également été signalées au Danemark, au Royaume-Uni et en Belgique, où un nourrisson est mort des suites de la maladie en décembre 2023, rapporte la RTBF. L'Espagne et l'Allemagne sont aussi concernées.

En République-Tchèque, qui dénombre près de 11 millions d'habitants, les autorités sanitaires ont enregistré 7 888 cas de coqueluche depuis le début de l'année, dont trois décès (un homme de 62 ans, une femme de 84 ans et un nouveau-né), dans un contexte de défiance face aux vaccins depuis la crise sanitaire. Il s'agit de la propagation la plus importante de cette maladie depuis 1959, date à laquelle les vaccinations ont commencé, selon les registres officiels tchèques. Quatre décès ont par ailleurs été signalés aux Pays-Bas, selon un bilan l'institut de santé publique néerlandais établi mi-mars et relayé par le quotidien belge Le Soir.

Au Royaume-Uni, le gouvernement s'inquiète, dans un communiqué, de la faible vaccination des femmes enceintes et des adultes contre la coqueluche, alors que 52 nourrissons de moins de trois mois ont été infectés par la maladie en janvier et en février 2024, contre deux en 2022 et 48 en 2023. Pour l'ECDC, "l'augmentation actuelle est potentiellement liée à une circulation plus faible pendant la pandémie de Covid-19, combinée à un taux de vaccination sous-optimal dans certains groupes pendant la pandémie".

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