"La cocaïne est en train de devenir une drogue universelle", alerte un médecin addictologue

D'après une étude de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives, la consommation de cocaïne a été multipliée par dix entre 1992 et 2023.
Article rédigé par franceinfo
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De la cocaïne prête à être consommée. Photo d'illustration. (LIONEL VADAM / MAXPPP)

"La cocaïne est en train de devenir une drogue universelle", alerte mercredi 27 juin sur franceinfo Bertrand Lebeau Leibovici, médecin addictologue spécialisé dans la réduction des risques liés à la toxicomanie. Il réagit à l'étude de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) publiée mercredi 26 juin qui indique que la consommation de cocaïne explose en France, où un adulte sur dix en a déjà pris au moins une fois dans sa vie.

"C'est une offre en augmentation absolument considérable qui rencontre une demande, explique le médecin. Elle s'est d'abord largement développée en Amérique du Nord et maintenant elle touche très largement l'Europe." Il affirme que la cocaïne est aujourd'hui "la deuxième drogue illicite la plus consommée, loin après le cannabis". Le médecin parle d'une "mythologie considérable autour de la cocaïne" qu'il qualifie de "champagne des drogues", de "drogue des gens célèbres et des gens riches"

Les "risques de la cocaïne sont liés d'abord à l'âge" 

Concernant les effets, "d'une manière générale, les stimulants font disparaître le sentiment de fatigue et la faim", ils donnent "un sentiment de puissance physique et intellectuelle". "Pour résumer, poursuit le médecin, on pourrait dire que ce sont des drogues qui sont faites pour la fête, éventuellement pour le sexe et le travail." Toutefois, Bertrand Lebeau Leibovici alerte sur le fait que les "risques de la cocaïne sont liés d'abord à l'âge" de la personne qui en prend : "Ce n'est pas la même chose d'en prendre à 20 ans et à 60 ans, parce que les principales complications sont cardiaques ou neurologiques"

À propos du profil des consommateurs, "tous ne sont pas addicts" à cette drogue. "Il y a des gens qui en consomment de manière occasionnelle et qui ne rencontrent pas beaucoup de problèmes". Les personnes qui viennent voir des professionnels de santé "sont des gens qui rencontrent des problèmes" avec leur consommation. 

Bertrand Lebeau Leibovici souligne le fait qu'il n'y a pas de traitement de substitution avec les stimulants et que donc "s'occuper de quelqu'un vraiment addict à la cocaïne est un travail très difficile parce qu'on n'a pas de médicament qui soit efficace pour aider à diminuer cette envie obsédante de cocaïne". "On dit que la cocaïne ne provoque pas de dépendance physique mais elle provoque une dépendance psychique extrêmement puissante. Tous les addictologues vous diront la même chose : c'est compliqué de s'occuper de quelqu'un qui est devenu lourdement dépendant des stimulants". Pour aider les patients, les addictologues travaillent donc "sur les raisons pour lesquelles ils consomment cette drogue et essaye de faire en sorte qu'ils cessent de fréquenter des gens qui consomment de la cocaïne".

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