Ce qu'il faut savoir sur le Trodelvy, ce traitement contre le cancer du sein triple négatif désormais disponible en France
Cette nouvelle thérapie, un traitement par anticorps conjugué à une chimiothérapie, est désormais autorisé en France. Il constitue un espoir pour les patientes atteintes d'un cancer du sein très agressif.
Le ministre de la Santé, Olivier Véran, l'avait annoncé récemment. Le Trodelvy, un nouveau traitement prometteur contre une forme agressive du cancer du sein, est disponible, depuis le lundi 1er novembre, pour les malades qui en ont le plus besoin. Cette nouvelle thérapie ne dispose pas encore d'autorisation de mise sur le marché européenne. Seules des autorisations temporaires d'utilisation (ATU) nominatives avaient ainsi été accordées en France, bénéficiant à quelques dizaines de femmes seulement. Voici ce qu'il faut savoir sur ce traitement qui donne de l'espoir à des centaines de patientes.
A qui s'adresse cette thérapie ?
Cette nouvelle thérapie, fabriquée par le laboratoire américain Gilead, consiste en un traitement par anticorps conjugué à une chimiothérapie. Il s'adresse aux femmes atteintes d'un cancer du sein particulièrement agressif, dit "triple négatif", métastasées et considérées "en échec thérapeutique" après avoir reçu deux autres traitements.
Le cancer triple négatif touche environ 15% des patientes, soit 9 000 nouveaux cas par an, et les traitements sont "rares et souvent peu efficaces", rapporte la Haute Autorité de santé. Sa caractéristique : il ne présente aucun marqueur (récepteurs hormonaux ou protéine HER2) à la surface des cellules cancéreuses, susceptible de répondre à une thérapie ciblée existante. Chez les patientes atteintes, souvent plus jeunes que la moyenne (40% ont moins de 40 ans), les risques de récidive sont élevés, de l'ordre de 30% dans les trois ans qui suivent le diagnostic.
En cas de récidive avec métastases, le Trodelvy pourra donc désormais être proposé. Un espoir pour les malades car à l'état métastatique, le pronostic de ce cancer ne s'est pas amélioré ces 20 dernières années, faute de thérapies efficaces. Comme d'autres tumeurs, le cancer du sein triple négatif métastatique ne se guérit pas. Il affiche un taux de survie à cinq ans de 11,3% et une survie médiane globale de 14 mois et demi, selon la HAS.
Que permet ce traitement ?
Le Trodelvy permet d'allonger la survie à court terme des malades, comme le montrent des recherches scientifiques. Parmi elles, l'étude clinique internationale de phase 3 Ascent, menée sur 468 patientes et coordonnée par l'institut Curie. Elle montre que la médiane de survie sans progression a été de 5,6 mois pour les patientes traitées avec le Trodelvy contre 1,7 mois pour celles traitées avec une chimiothérapie. Par ailleurs, comme le souligne l'Institut, l'étude a révélé un bénéfice en termes de survie globale puisqu'elle a atteint 12,1 mois contre 6,7 mois avec une chimiothérapie. "C'est un vrai progrès, on n'avait jamais eu d'aussi bons résultats dans cette situation pour le cancer du sein triple négatif métastatique", salue Delphine Loirat, oncologue médicale à l'Institut Curie et investigatrice principale de l'étude Ascent.
Pour Claude Coutier, du collectif #Mobilisationtriplettes, le Trodelvy représente donc un "espoir énorme". "Doubler l'espérance de vie, c'est donner l'espoir d'avoir le temps de voir arriver un nouveau traitement. Cela n'a pas de prix", explique-t-elle à franceinfo, insistant sur la nécessité de "[continuer] la recherche et la mobilisation pour accéder à des traitements novateurs qui permettront de vivre plus longtemps avec cette maladie, en attendant un jour de pouvoir guérir."
Y a-t-il d'autres pistes pour traiter cette forme de cancer du sein ?
Parmi les programmes en cours en France, l'essai clinique Mondrian de l'Institut Curie a été lancé pour pouvoir estimer rapidement si un cancer du sein triple négatif répond ou non à la chimiothérapie et gagner ainsi du temps. L'Institut Gustave-Roussy a de son côté initié le programme Compass, dont l'objectif est d'évaluer l'efficacité de différentes combinaisons de traitements innovants.
Des études ont aussi montré que l'immunothérapie (une approche thérapeutique qui agit sur le système immunitaire) améliore la survie globale de certaines femmes atteintes d'un cancer du sein métastatique triple négatif. "Nous demandons plus d'inclusions dans les essais cliniques ainsi qu'une meilleure connaissance des essais cliniques qui existent pour les "triplettes'", ajoute pour sa part Claude Coutier.
Combien de femmes ont déjà eu accès à ce traitement ?
Alors que des autorisations temporaires d'utilisation (ATU) nominatives avaient été accordées en France en attendant une autorisation de mise sur le marché (AMM) par l'Agence européenne des médicaments, la France s'était heurtée à un problème d'approvisionnement. Le laboratoire Gilead assurait ne pas avoir la capacité de production suffisante pour fournir les patientes européennes. Comme le rapportait à franceinfo le président de Gilead France, "quelques milliers de flacons" avaient tout de même été prélevés sur la production américaine pour donner accès au Trodelvy à une poignée de patientes qui se trouvaient dans l'urgence.
Dès le mois de juin, "78 patientes ont pu y avoir accès", affirme ainsi Claude Coutier. "Alors vous allez me dire, par rapport à 600 femmes qui en ont besoin, c'est ridicule, mais en même temps, c'est 78 vies. Ça n'a pas de prix."
Début septembre, la Haute Autorité de santé (HAS) avait annoncé que les patientes atteintes de ce cancer pourraient exceptionnellement recevoir ce nouveau traitement, grâce à une autorisation d'accès précoce. "A partir du 1er novembre, les oncologues pourront faire des prescriptions via le dispositif d'accès précoce. Toutes les patientes qui en ont besoin pourront donc en bénéficier", se réjouit Claude Coutier. Au total, son collectif a dénombré 600 patientes qui en ont besoin en urgence.
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