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"On ne peut pas rester sans rien faire" : des femmes atteintes d'un cancer du sein alertent sur la pénurie d'un médicament

En France, des centaines de femmes atteintes d'un cancer du sein triple négatif métastatique espèrent pouvoir obtenir du Trodelvy, un médicament qui pourrait rallonger leur espérance de vie de quelques mois. Mais le laboratoire américain qui le commercialise n'a pas la capacité de production suffisante pour fournir l'Europe.

Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le siège de Gilead Sciences à Foster City, en Californie (Etats-Unis), le 30 avril 2020. (JOSH EDELSON / AFP)

Le Trodelvy, pour Claude Coutier et environ 600 autres femmes en France, c'est un espoir. Ce n'est pas un espoir de guérison avec ce médicament, mais au moins l'espoir de vivre, de survivre quelques mois de plus, car elles sont atteintes d'un des cancers les plus agressifs : le cancer du sein triple négatif métastatique. "Selon les chiffres officiels, la médiane de survie est de 14 mois, confie-t-elle. Quatorze mois, c'est court. Alors, ce médicament, il permet de doubler l'espérance de vie."

Un médicament disponible à la fin de l'année

Le problème, c'est que le laboratoire qui fabrique ce médicament, l'Américain Gilead, assure ne pas avoir aujourd'hui la capacité de production suffisante pour fournir les patientes européennes. "Nous sommes en cours de construction de cette capacité pour l'Europe et pour les autres pays d'ailleurs, en dehors des États-Unis, explique Michel Joly, président de Gilead France. Nous aurons un médicament qui sera disponible au moment aussi de l'autorisation européenne de mise sur le marché, c'est-à-dire à la fin de l'année. Mais en attendant, conscients bien sûr de la situation de ces patientes, nous avons pu prélever quelques milliers de flacons sur la production américaine pour donner accès au Trodelvy à quelques dizaines de patientes qui sont dans une situation d'urgence."

Un geste pour 78 patientes précisément, le temps qu'une usine soit construite en Italie. Claude Coutier, qui a créé un collectif #MobilisationTriplettes, s'étrange : "78 femmes, c'est super, mais, et les autres, on les laisse mourir ? Que fait-on ?"

"Fin décembre, une partie de ces 600 femmes sera décédée. On ne peut pas attendre."

Claude Coutier, fondatrice du collectif #MobilisationTriplettes

à franceinfo

"Ce qu'il faut bien comprendre aussi, c'est que ce cancer du sein triple-négatif touche des femmes jeunes, poursuit Claude Coutier. Selon elle, la majorité des femmes touchées par ce cancer sont jeunes : la majorité est âgée de moins de 40 ans. "De jeunes mamans, voire des mamans enceintes qui découvrent leur cancer du sein, s'alarme-t-elle. Il faut absolument des solutions, on ne peut pas accepter ça, on ne peut pas rester sans rien faire, ce n'est pas possible."

Claude Coutier demande un geste supplémentaire au laboratoire : qu'il accepte de fournir pour les prochains mois le médicament aux 600 patientes françaises en attente.

Pénurie de Trodelvy, un médicament donné aux femmes atteintes d'un cancer du sein - Reportage de Solenne Le Hen

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