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Salon de l'agriculture : pourquoi la filière bio espère-t-elle un coup de pouce à "la période sensible" de la conversion ?

Des annonces en faveur du passage de la production traditionnelle au bio sont attendues au Salon de l'agriculture à Paris, visité samedi par Emmanuel Macron.

Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Jean-Noël Carles, arboriculteur, en février 2018, au Salon de l'agriculture à Paris. Il produit 1 500 tonnes de pommes Juliet par an : c'est la seule pomme bio au monde et elle est française.  (SANDRINE ETOA-ANDEGUE / RADIO FRANCE)

La 55e édition du Salon international de l'agriculture ouvre ses portes samedi 24 février, à Paris, où sont attendus 620 000 visiteurs durant la semaine. C'est un passage obligé pour tout président de la République : Emmanuel Macron qui y passe la journée de samedi, devrait faire des annonces sur l'agriculture biologique, bien présente encore cette année.

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Pour les représentants de la filière bio, tout l'enjeu est de mieux accompagner ceux qui font ce choix, avec une priorité donnée à la conversion.

Les espoirs de la filière bio présente au Salon de l'agriculture - un reportage de Sandrine Etoa-Andegue

En 2001, Jean-Noël Carles, un arboriculteur du Vaucluse, présent au Salon de l'agriculture, a décidé d'arrêter l'agriculture conventionnelle. "On était arrivé au bout. Il y a eu la crise de la vache folle et ça nous a remis en question", déclare-t-il.

On en avait ras-le-bol d'envoyer des pesticides dans l'atmosphère.

Jean-Noël Carles, arboriculteur bio dans le Vaucluse

à franceinfo

Avec trois associés, il plante les cinq premiers hectares de Juliet, une pomme rouge sur fond jaune, juteuse, croquante et très sucrée. Il s'agit de la seule variété au monde, issue exclusivement de l'agriculture biologique, c'est-à-dire sans pesticide ni résidu et résistante aux maladies. Elle a séduit 110 producteurs pour la plupart installés dans le sud de la France. Jean-Noël Carles se souvient que ce sont les trois années de conversion au bio qui ont été les plus difficiles. "La période de l'investissement est sensible", explique-t-il.

On n'a pas les prix du bio, on n'a pas les rendements du conventionnel mais on a les charges fixes, sans avoir la rémunération du bio

Jean-Noël Carles

Pour autant, l'arboriculteur est convaincu d'avoir fait le bon choix. "Je n'ai aucun regret. On respire bien mieux dans les vergers. Tout est mieux, aussi bien pour le producteur, que pour le consommateur", s'exclame-t-il. La récompense est arrivée. Jean-Noël Carles dit avoir augmenté ses ventes de pommes bio de 50% par rapport à l'an dernier.

Le bio, un pari de longue date dans la Drôme

La Drôme revendique aujourd'hui la place de premier département bio de France. C'est écrit en grand sur son stand de 140 m2 au Salon de l'agriculture.

Le stand de la Drôme, à la veille de l'ouverture du Salon de l'agriculture 2018 : il revendique le titre de premier département bio de France. (SANDRINE ETOA-ANDEGUE / RADIO FRANCE)

Hervé Simon, en charge des événements dans le département, explique que le titre est "officiel", mais qu'il il y a une petite bagarre des chiffres. "Nous sommes le premier département bio en nombre de producteurs", précise-t-il. Le conseil départemental de la Drôme réserve un budget d'un million d'euros chaque année au soutien de la filière bio. "Cela fait à peu près 15 ans que gauche et droite réunies vont dans ce sens-là et sont convaincues que c'est l'avenir, la qualité alimentaire et le bien-être de tous", assure-t-il.

On a cette fierté dans la Drôme d'être très nettement au-dessus de la moyenne nationale en bio, aussi bien dans les cantines que sur les surfaces agricoles.

Hervé Simon, au conseil départemental de la Drôme

à franceinfo

Le conseil départemental de la Drôme propose aux producteurs et aux éleveurs un accompagnement sur-mesure, avec des aides à la reconversion et des aides directes.

Les conditions du décollage du bio

Aujourd’hui, on compte 6,5% de surfaces agricoles bio en France. L'objectif affiché par Emmanuel Macron a été fixé à 15% d'ici 2022. Un objectif atteignable, selon Florent Guhl, le directeur de l'agence Bio, à condition toutefois de réduire les importations, qu'il estime à "environ 30%".

Florent Guhl président de l'agence Bio, en février 2018, au Salon de l'agriculture. (SANDRINE ETOA-ANDEGUE / RADIO FRANCE)

"On a un déficit sur certaines filières, comme les céréales où le développement de la culture bio est récent en France, explique Florent Guhl. Il y a aussi les fruits et légumes avec une consommation de Français en bio sur des fruits exotiques. Sans compter le chocolat, le sucre et le café importés."  

Le directeur de l'agence Bio propose notamment de développer davantage la filière bio en outre-mer, puisque la banane est le fruit bio le plus consommé par les Français.

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