Prix de l'alimentaire : en cas d'échec des négociations, un député macroniste plaide pour que les prix des fournisseurs s'imposent pour "rééquilibrer le rapport de force"
"Je rééquilibre à peine un rapport de force qui est structurellement défavorable aux fournisseurs", a défendu dimanche 8 janvier sur franceinfo Frédéric Descrozaille, député Renaissance du Val-de-Marne. Il est à l'origine d'une proposition de loi qui prévoit qu’en cas de désaccord dans les négociations commerciales, les enseignes de la grande distribution devront accepter sans discuter les demandes d’augmentation des industriels de l'agroalimentaire. Cette proposition sera examinée mercredi à l'Assemblée nationale.
>> Inflation : à quoi faut-il s'attendre en 2023 ?
franceinfo : Vous souhaitez qu'en cas d'échec des négociations Egalim (loi alimentation) et le temps de trouver un accord, les distributeurs acceptent le prix des producteurs. Les distributeurs s'inquiètent. Que leur répondez-vous ?
Frédéric Descrozaille : Il y a un vide juridique dans la loi. La négociation annuelle qui démarre en décembre et se termine au 1er mars redéfinit le contrat. Actuellement, même s'il n'y a pas d'accord [sur les prix], le distributeur peut continuer à commander et le fournisseur est obligé de le livrer. S'il ne le fait pas parce que cela lui coûte trop cher, le tribunal lui dira qu'il faut livrer. Ce que je dis dans la loi, c'est que s'il n'y a pas d'accord, il n'y a plus de contrat. Le fait que les conditions des fournisseurs s'appliquent on va en discuter.
Faut-il s'attendre à un boom des prix avec la fin des négociations ?
Je ne pense pas, je n'espère pas, mais je pense qu'il faut s'attendre à une hausse des prix de nouveau en mars. Dans les tarifs de 2022, les industriels n'ont pas pu passer les hausses qu'ils ont dû absorber pendant toute l'année. Donc les négociations 2023 s'annoncent très tendues et il faut s'attendre à une hausse des prix au début de cette année. Il faut espérer que ce soit la dernière et qu'elle soit modérée.
Michel-Edouard Leclerc dénonce un moyen de pression trop fort pour les industriels. Estimez-vous que les modalités actuelles donnent trop de pouvoir aux distributeurs ?
Il parle avec son sens de la nuance typique. Quand il parle, je me dis qu'on a changé de ministre à Bercy. Comme d'habitude il exagère et il communique pour faire peur. Je n'inverse pas, je rééquilibre à peine un rapport de force qui est structurellement défavorable aux fournisseurs. Tout ne se joue pas avec le ticket de caisse. On a besoin de veiller aux conditions de travail de salaires, aux marges que peuvent dégager les entreprises auxquelles on demande d'investir dans la transition écologique, dans le numérique.
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