Nitrites dans la charcuterie : "Les lobbyistes ont réussi à faire en sorte que ce ne soit pas interdit", dénonce le député Modem du Loiret

Invité sur franceinfo lundi, Richard Ramos député Modem du Loiret réagit à la non-interdiction des nitrites dans la charcuterie.
Article rédigé par franceinfo
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Richard Ramos, député Modem du Loiret (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS)

"Les lobbyistes ont réussi à faire en sorte que ce ne soit pas interdit", s'est scandalisé, lundi 18 décembre sur franceinfo, Richard Ramos, député Modem du Loiret. L'élu, très engagé sur cette question des nitrites depuis plusieurs années, a livré la semaine dernière à Emmanuel Macron un paquet de croquettes sans nitrite pour Nemo, le chien du président. Par ce geste, il souhaite alerter le président de la République sur le danger des nitrites dans la charcuterie. L'Union européenne vient de les interdire dans les croquettes pour animaux. "C'est une aberration", dit-il. "L'Anses, l'organisme indépendant sur lequel l'État s'appuie, a dit qu'il y avait un lien de corrélation entre le cancer colorectal et le nitrite dans la charcuterie", a-t-il rappelé.

Franceinfo : L'Union européenne a interdit les nitrites dans les croquettes pour animaux, mais continue de l'autoriser pour la charcuterie. Pourquoi ?

Richard Ramos : C'est une honte. On a démontré par les instances scientifiques que le cancer était dû notamment aux nitrites dans la charcuterie. On sait aujourd'hui par la science qu'on attrape le cancer colorectal à cause du nitrite. Les lobbyistes ont réussi à faire que ce ne soit pas interdit. C'est le combat que je mène. L'Union européenne vient de dire, c'est interdit, on n'a plus le droit d'en donner aux chiens et aux chats parce que ça tue. Ils se sont appuyés sur les mêmes scientifiques. C'est une aberration. C'est pour ça que j'ai fait livrer des croquettes au président de la République pour lui dire : "Président, votre chien, il a le droit de vivre bien et les pauvres en France ont le droit de crever". Ce sont les pauvres qui mangent le plus avec des nitrites. Président, aidez-moi à faire en sorte que finalement les humains soient à égalité avec nos animaux de compagnie. Arrêtons de tuer les pauvres en France.

Il a peut-être d'autres priorités ?

Il y a plein de priorités. C'est un combat que je mène depuis cinq ans. On sait que le nitrite dans la charcuterie, ça tue les Français. Trois jours avant sa mort, Axel Kahn m'a envoyé un texto en me disant : 'Cher Richard, tiens bon ! Tu seras mon âme dans l'hémicycle.' Il y a toujours une actualité, mais aujourd'hui, les nitrites dans la charcuterie, ça tue les humains, on continue ! On sait que ça tue nos animaux, les chiens et les chats, l'Europe a dit stop ! C'est une vraie aberration. Mon cri du cœur au président Macron : 'Vous avez plein de choses à faire, Président, bien évidemment, mais c'est tellement simple de nous donner la main pour qu'on interdise les nitrites dans la charcuterie.'

Les vétérinaires disent que c'est immédiatement plus dangereux que pour les humains...

C'est parce qu'il y a le poids, évidemment, de l'animal qui n'est pas le même. Mais ça s'appuie sur les mêmes études scientifiques. Ce n'est pas la charcuterie par elle-même, c'est l'effet cocktail entre le sang et le nitrite qui produit la mort. Elle produit la mort peut-être plus rapidement chez les animaux, mais chez les humains, la science a parlé. L'Anses, l'organisme indépendant sur lequel l'État s'appuie, a dit : 'Il y a un lien de corrélation entre le cancer colorectal et le nitrite dans la charcuterie'. Il n'y a plus de doute. La science a parlé. Ce sont les lobbyistes qui doivent faire le siège de temps en temps au ministère de l'Agriculture qui ont empêché qu'on l'interdise, alors il faut l'interdire.

Réponse de la Commission européenne

La Commission européenne consteste ce qu'affirme le député et assure que l'interdiction des nitrites pour animaux n'est pas le fait d'une démarche de la Commision mais des producteurs eux-même qui ont, en 2021, retiré leur demande au titre de la catégorie des "additifs technologiques" et du groupe fonctionnel "conservateurs", alors que la réévaluation de cet additif était en cours depuis plusieurs années (par l’EFSA). 

Cette demande de retrait pour les chats et chiens, précise la Commission, s’est effectivement traduite par le retrait de l’autorisation provisoire de cet additif pour les chiens et chats uniquement, formalisée dans un règlement adopté plus tôt cette année. Et d'ajouter : "il faut noter que le retrait de l’autorisation pour les chiens et chats est assorti de mesures transitoires qui permettent la mise sur le marché des stocks existants d’additif jusqu’au 6 juillet 2024, des pré-mélanges contenant l’additif jusqu’au 6 octobre 2024, et des petfood contenant l’additif jusqu’au 6 juillet 2025. Il s’agit de mesures transitoires standards en pareil cas, lorsque le retrait est fait à la demande de de l’industriel, et pas dans le cadre de risques avérés pour la sécurité."

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