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Réduction des nitrites dans la charcuterie : Foodwatch réclame une loi pour contraindre les industriels et protéger la santé des consommateurs

L'exécutif "botte en touche" en ne parlant que d'"engagements volontaires" et non pas de mesures réglementaires quand il demande aux industriels de baisser leurs doses de nitrites, fustige l'ONG.
Article rédigé par franceinfo
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Le lien entre les additifs nitrés dans la charcuterie et le développement de cancers est confirmé par l'ANSES depuis le mois de juillet 2022 (photo d'illustration). (LAURENT REA / MAXPPP)

"C'est une loi qu'on veut" pour réduire la dose de nitrites dans la charcuterie, fustige mardi 28 mars sur franceinfo Karine Jacquemart, directrice générale de Foodwatch France. "La santé publique doit être protégée par l'État", poursuit-elle, dénonçant les mesures, ou plutôt "les non-mesures", annoncées lundi par le gouvernement pour baisser la dose de nitrites dans la charcuterie. Le ministère de l'Agriculture a demandé aux industriels de baisser de 20%, en moyenne, leurs doses de nitrites. Mais Foodwatch et la Ligue contre le cancer réclament l'interdiction de ces additifs nitrés, dont le lien avec le développement de cancers, notamment colorectal, a été confirmé en juillet 2022 par l'Anses, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail.

>> Cinq questions sur le lien entre nitrates et nitrites dans la charcuterie et risques de cancer

Karine Jacquemart pointe du doigt "deux problèmes" dans ces annonces. Premièrement, elle déplore le fait que le gouvernement parle "uniquement" de réductions et ne mentionne l'idée d'une suppression que pour parler "d'une vague trajectoire à cinq ans sans aucun engagement concret". Le gouvernement propose en effet de lancer un plan de recherches et d'innovation d'ici cinq ans. "Ça ne va mener nulle part", estime la directrice générale de Foodwatch France. Deuxièmement, elle critique le fait que le gouvernement s'appuie sur des "engagements volontaires" des industriels en incluant ces réductions dans un code des usages "qui n'est pas règlementaire". L'exécutif, selon elle, "botte en touche", jugeant "inacceptable" le fait qu'il "refuse de prendre ses responsabilités et de réglementer".

"Je n'arrive pas à décolérer"

"Il faut des règles, il faut des lois, pour protéger la santé, il faut que les règles du jeu soient les mêmes pour tout le monde", martèle Karine Jacquemart. "Laisser faire des entreprises, ça suffit !", lance-t-elle. "Sinon, on prend le risque de continuer à exposer la population à des risques pour la santé, on prend le risque de nouveaux scandales alimentaires", alerte-t-elle. "Je n'arrive pas à décolérer", confie Karine Jacquemart. "Les études scientifiques se suivent et confirment à chaque fois des risques pour la santé", poursuit-elle.

"L'avis de l'Anses, a confirmé qu'il y avait un lien entre les nitrites ajoutés dans la charcuterie et les risque de cancer. Il y a eu une mission parlementaire, une proposition de loi, que faut-il de plus ?"

Karine Jacquemart, directrice générale de Foodwatch France

à franceinfo

"On a un cas typique de risque pour la santé et on a des solutions puisque l'industrie agroalimentaire utilise déjà des alternatives et qu'il y a déjà du 'sans nitrite' dans les rayons", résume Karine Jacquemart. La directrice générale de Foodwatch France reconnaît que le sujet est "complexe" tout en rappelant que son association "n'a jamais demandé que ce soit fait du jour au lendemain". Il faut, dit-elle, "s'assurer qu'en enlevant les additifs nitrés on ne crée pas d'autres risques pour la santé" et, pour ce faire, "donner du temps aux filières et notamment aux artisans pour qu'ils puissent s'adapter" tout en les "accompagnant dans ce changement".

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