Méfiez-vous des compléments alimentaires à base de plantes
Un adulte sur cinq et un enfant sur dix prennent des compléments alimentaires. Ceux à base de plantes sont présentés comme plus naturels et pourtant, ils ne sont pas sans danger. Près de 2.400 signalements d’effets secondaires recensés entre 2009 et 2016 par les autorités sanitaires concernaient ces produits.
Pr Pierre Champy, professeur de pharmacognosie à l’Université Paris-Sud a répondu aux questions du Magazine de la santé.
- Parmi les compléments alimentaires qui inquiètent le plus l’Académie de pharmacie, il y a les compléments alimentaires laxatifs. De quoi s’agit-il ?
Pr Pierre Champy : "Ces compléments alimentaires contiennent des plantes qui sont dites laxatives stimulantes et qui ont une action assez drastique sur le côlon. Ce sont des plantes très connues du grand public : le séné, la rhubarbe... et pour lesquelles normalement il y avait un statut médicamenteux avec des conditions d’emploi très strictes, des contre-indications chez la femme enceinte, chez l’enfant… Mais là, les restrictions proposées sur les boîtes des compléments alimentaires sont insuffisantes pour assurer la sécurité du consommateur. Or il peut y avoir des lésions définitives de l’intestin et même un soupçon de cancérogénicité pour certaines de ces plantes."
- Il y aussi des risques d’interactions avec les médicaments classiques…
Pr Pierre Champy : "Certaines interactions sont bien identifiées avec une obligation d’étiquetage si la plante rentre dans la composition d’un médicament mais pas d’obligation, ou en tout cas pas suffisante si la plante est dans un complément alimentaire. Par exemple, l’ail qui est une plante alimentaire mais aussi médicinale que l’on rencontre facilement dans des compléments alimentaires, quand il est présent dans un médicament, il y a une mise en garde relative à son caractère anticoagulant alors que lorsqu’il y en a dans un complément alimentaire, il n’y a rien de noté là-dessus ou sur le risque hémorragique notamment en cas de chirurgie."
- Ces compléments alimentaires sont-ils suffisamment encadrés ?
Pr Pierre Champy : "Non, il n’y a pas d’encadrement. Il y a des restrictions proposées par la DGCCRF qui enregistre ces produits mais qui malheureusement ne sont pas suffisantes au regard des connaissances scientifiques et des recommandations de l’OMS ou de l’Agence européenne du médicament par exemple. Quelqu’un qui n’a pas de formation spécifique ne peut pas repérer quelle est la dangerosité."
- Quels conseils donner aux consommateurs ?
Pr Pierre Champy : "Il faut se méfier parce que ça n’est pas parce que le produit est sur le marché qu’il y a une sécurité assurée. Donc le mieux est de demander l’avis du pharmacien même si ces produits sont parfois vendus ailleurs qu’en pharmacie. Il y a aussi un risque de dépendance important."
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