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Lait infantile contaminé : "La salmonelle peut rester un an dans la flore digestive de certains enfants"

Le pédiatre et infectiologue Robert Cohen répond aux questions de franceinfo sur les risques de récidive de la salmonellose. 

Article rédigé par franceinfo - Propos recueillis par Louise Hemmerlé
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Un nourrisson boit du lait infantile (image d'illustration).  (MAXPPP)

Noan, un bébé de six mois, a été hospitalisé pour la troisième fois, lundi 8 janvier, à Toulouse (Haute-Garonne), après avoir ingéré du lait infantile contaminé aux salmonelles. Sa mère, Ségolène Noviant, vice-présidente de l'association des victimes de Lactalis, a confié son désarroi et son inquiétude au Parisien. Comme d'autres, elle s'apprête à porter plainte contre l'entreprise, précise le journal dans son édition de lundi. Au 20 décembre, Santé publique France avait recensé 35 nourrissons atteints de salmonellose en France depuis mi-août. 

Depuis début décembre, le petit Noan a enchaîné les épisodes de fièvre et de diarrhée, décrit sa mère. "D'autres mamans, comme moi, en sont à trois hospitalisations, affirme la jeune maman au Parisien. Maintenant, on me dit que ses douleurs seront chroniques." Mais une salmonellose peut-elle vraiment devenir une maladie chronique ? Combien de temps le jeune Noan, et les autres nourrissons contaminés, vont-ils devoir batailler contre cette infection ? Robert Cohen, pédiatre et président du Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique (GPIP) de la Société française de pédiatrie, répond aux questions de franceinfo. 

Franceinfo : Quelles sont les complications qui peuvent être engendrées par une infection à la salmonelle ? 

Robert Cohen : Les salmonelloses sont très fréquentes et les sujets en bonne santé guérissent spontanément et rapidement, sans forcément avoir recours à des traitements antibiotiques. Mais il y a des groupes à risques, qui peuvent effectivement développer des complications. Il s'agit des nourrissons, et en particulier des nouveau-nés de moins de trois mois, et des sujets très âgés. Entre ces deux tranches d'âge, les individus qui ont des déficits immunitaires sont aussi plus fragiles. 

Les complications peuvent être digestives, avec des diarrhées qui se prolongent dans le temps. Les salmonelles ont aussi tendance à passer dans le sang, et là cela peut devenir plus grave. Les salmonelles peuvent alors provoquer des atteintes osseuses et des méningites. Mais cela reste des cas très rares. 

Une infection à la salmonelle peut donc provoquer des douleurs chroniques ?  

C'est très compliqué et très simple à la fois. Généralement, lorsqu'un individu sain est infecté par des salmonelles, il élimine les bactéries en sept à dix jours. Chez les jeunes enfants, cela reste plus longtemps, car plus on attrape tôt les salmonelles, plus on a de risques de les porter longtemps. Il y a des enfants qui peuvent les porter un an dans leur flore digestive. Les antibiotiques ne changent rien, ils ont même plutôt dans l'ensemble l'effet inverse : ils prolongent le portage de la salmonelle. Autrement dit, les antibiotiques ne sont pas toujours la solution. 

Mais ces enfants peuvent garder la salmonelle sans forcément tomber malades. La difficulté pour le médecin, c'est de ne pas se laisser obnubiler par la salmonelle que porte encore cet individu. Ce n'est pas parce qu'une personne a la diarrhée et est toujours porteuse de salmonelle que c'est forcément provoqué par une salmonellose, et pas par une gastro-entérite par exemple. 

Comment savoir si ce sont les salmonelles toujours dans le corps de l'enfant qui le rendent malade ? 

C'est très compliqué. Cela ne peut pas être détecté par un généraliste ou un pédiatre, il faut vraiment s'adresser à un médecin spécialisé en gastro-entérologie. La salmonellose a des symptômes très divers, qui peuvent être expliqués par beaucoup d'autre choses. 

On peut identifier une récidive de salmonellose grâce à des examens médicaux. La prise de sang permet de révéler les signes biologiques qui montrent qu'on est en présence d'une vraie infection à microbes. Si la salmonelle n'est plus détectée uniquement dans les selles, mais aussi dans le sang, c'est le cas de figure le plus dangereux, qu'il faut surveiller de près. 

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