Lait contaminé : le PDG de Lactalis "n'assume toujours pas sa responsabilité", assure le président de l'UFC-Que Choisir
Alain Bazot, le président de l'association de consommateurs UFC-Que Choisir a dit, jeudi, sur franceinfo n'être "pas surpris" par les propos tenus dans "Les Échos" par Emmanuel Besnier, le PDG de Lactalis. Ce dernier a indiqué que des bébés ont pu consommer du lait contaminé entre 2005 et 2017.
Lactalis "ne peut pas exclure que des bébés aient consommé du lait contaminé" entre 2005 et 2017, puisque la salmonelle Agona "responsable des problèmes" est "la même que celle de 2005", a déclaré le PDG de Lactalis, Emmanuel Besnier, dans une interview aux Échos publiée jeudi 1er février. Depuis, franceinfo a révélé que 25 nourrissons ont été contaminés à la salmonelle entre 2006 et 2016 par la même souche que celle découverte à l’usine de Craon.
Les déclarations d'Emmanuel Besnier ne surprennent pas l'UFC-Que Choisir. Son président Alain Bazot a estimé, jeudi, sur franceinfo, que le PDG de Lactalis "botte en touche" et regrette qu'il n'y ait "aucun mot pour les victimes".
franceinfo : Le PDG de Lactalis n'exclut pas que des bébés aient consommé du lait contaminé à la salmonelle Agona depuis 2005. Est-ce une surprise pour vous ?
Alain Bazot : Ce n'est pas une immense surprise, dans la mesure où l'Institut Pasteur avait déjà dit, il y a plusieurs semaines, que la bactérie retrouvée aujourd'hui était la même qu'en 2005. On avait donc bien subodoré qu'entre 2005 et aujourd'hui, l'entreprise n'avait pas vraiment fait ce qu'il fallait pour éradiquer la présence de cette bactérie dans l'entreprise.
Est-il invraisemblable qu'aucune mesure n'ait été prise entre 2005 et 2017 ?
Il est clair qu'il y a des manquements graves. Et l'interview du PDG de Lactalis ne nous éclaire pas sur ce qui s'est vraiment passé. Emmanuel Besnier a plutôt tendance à botter en touche, à détourner les responsabilités, en accusant notamment des entreprises extérieures qui auraient mal fait leur travail de contrôle. Il n'assume toujours pas sa responsabilité, pour ne pas dire sa culpabilité. À aucun moment il n'admet qu'il y a eu des fautes. Surtout, ce qui est le plus grave, c'est qu'il n'y a toujours aucun mot pour les victimes.
Souhaitez-vous que la justice et l'État s'emparent rapidement de ce sujet ?
Oui, il faut déjà que l'enquête préliminaire [ouverte le 22 décembre dernier par le parquet de Paris] débouche sur l'instruction d'un juge. Il faut ensuite que l'enquête parlementaire, créée à l'initiative des députés socialistes, aille au fond des choses afin de comprendre la chaîne des responsabilités. Chacun minimise, y compris le nombre de victimes, alors qu'on a toujours des familles qui s'adressent à nous. On voit qu'il y a des rechutes, il y a un certain nombre de complications d'enfants qui ont été une première fois hospitalisés. J'attends d'ailleurs une réponse du ministère de la Santé : j'ai demandé à être reçu, ce n'est toujours pas le cas.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.