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Mediator : "C'est un véritable marathon, une épreuve pour tout le monde", réagit un avocat de victimes avant l'ouverture du procès en appel

Les victimes du médicament Mediator espèrent en appel ajouter la condamnation pour "escroquerie" à la "tromperie aggravée" et "homicides et blessures involontaires" retenus il ya deux ans contre les laboratoires Servier. Certaines seront obligées de suivre le procès via une webradio tant leur état de santé est dégradé.
Article rédigé par franceinfo
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Me Jean-Christophe Coubris, avocat de 2 500 parties civiles dans l'affaire du Mediator, le 9 janvier 2023 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

"C'est un véritable marathon, une épreuve pour tout le monde", réagit lundi 9 janvier sur franceinfo Me Jean-Christophe Coubris, avocat de 2  500  parties civiles dans l'affaire du Mediator, un médicament tenu pour responsable de centaines de décès, alors que le procès en appel des laboratoires Servier s'ouvre devant la cour d'appel de Paris. Il a "l’espoir de leur amener une décision définitive quant à la condamnation des laboratoires Servier" en espérant que "l'escroquerie sera retenue". Il y a deux ans, le groupe Servier avait été condamné à 2,7   millions d'euros d'amende pour "tromperie aggravée" et "homicides et blessures involontaires", mais relaxé pour "escroquerie". " Ce qui apporterait une grande satisfaction à toutes ces victimes, c'est que les laboratoires Servier aient la décence de changer de nom", a aussi déclaré Me Coubris.

>> Procès en appel du Mediator : on vous explique pourquoi l'affaire revient devant la justice

franceinfo : Dans quel état d'esprit abordez-vous ce nouveau procès   ?

Jean-Christophe Coubris : J’aurais tendance à présenter cette situation comme un véritable marathon. C’est l’effet que nous fait le départ de cette nouvelle procédure, mais c’est surtout vers les victimes que mes pensées vont, avec l’espoir de leur amener enfin une décision définitive quant à la condamnation des laboratoires Servier. Nous avons à la fois la volonté de confirmer ce que nous avons obtenu en première instance et puis que le chef d’inculpation d’escroquerie soit retenu. Il me parait compliqué de retenir une tromperie aggravée sans y voir l’escroquerie autour de ce médicament, qui a eu 30 ans de commercialisation.

Cela laisse un goût amer de voir que la marquer Servier continue de bien se porter   ?

On ne peut pas critiquer une société de faire de l'argent et des résultats, quand bien même c'est un laboratoire.

"La problématique, c'est que ce scandale aurait dû ébranler significativement le fonctionnement de ce laboratoire, ce qui n'a pas été le cas. Depuis 2010, son chiffre d'affaires n'a cessé d'augmenter."

Jean-Christophe Coubris, avocat de parties civiles

à franceinfo

C'est assez éprouvant pour les victimes parce qu'on a le sentiment que personne ne tire de leçon de quoi que ce soit. Ce qui apporterait une grande satisfaction à toutes ces victimes, c'est que les laboratoires Servier aient la décence de changer de nom et que le mot Servier n'existe plus dans le discours de tous les jours. C'est ce qui les empoisonne au quotidien et ça me semblerait absolument logique en termes d'image et de communication de tourner la page significativement.

Dans ce procès en appel, l'Agence de sécurité sanitaire du médicament ne sera pas présente, car elle n'a pas fait appel de sa condamnation. Cela change quelque chose  ?

Cela va probablement nous permettre de centrer le débat sur la responsabilité de laboratoires Servier. Nous avions assisté lors du premier procès à des échanges très pénibles entre l'Agence et le laboratoire. "Je ne suis pas responsable, la preuve, l'Agence était là pour nous contrôler et non nous surveiller", ou alors  : "On leur a donné les éléments, ils n'ont pas réagi, ce qui prouve notre bonne foi”. Ces arguments ne vont pas pouvoir prospérer devant la barre de la cour d'appel, et c'est plutôt une bonne chose.

Ce procès est une nouvelle épreuve pour les victimes  ? Certaines auront du mal à suivre les débats, car leur état de santé est très délicat.

C'est une épreuve pour tout le monde, y compris pour nous. Malheureusement, les victimes sont, pour beaucoup, âgées, avec des séquelles qui sont parfois très lourdes, avec l'impossibilité de pouvoir monter un escalier, une fatigabilité permanente, un essoufflement quotidien, ce qui les amène à ne pas pouvoir venir à ce procès, ce qui est bien regrettable. La webradio, qui a été mise en place par la cour d'appel, est une excellente chose parce que ça va permettre d'avoir un accès direct à toutes nos victimes qui vont pouvoir coller à l'information.

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