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Saint-Germain-de-la-Coudre : leg de plus de deux millions d'euros à la commune

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Article rédigé par franceinfo
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Un cadeau tombé du ciel pour Saint-Germain-de-la-Coudre.

Dans une succession, certains moments sont difficiles à vivre. Celui notamment où l'on s'aperçoit qu'on ne pourra pas tout garder et qu'il faut vendre aux enchères les meubles, les vases, la vaisselle. Ces objets qui ont peuplé l'enfance ont une valeur sentimentale forte, mais pas pour le commissaire-priseur, qui reste très professionnel.

Jérôme Duvillard est commissaire-priseur à Macon. Avec ses deux adjoints, ils vont répertorier les biens de cette maison. Alain et ses deux soeurs doivent vendre la maison où ils ont grandi. Leur père est décédé. Ils commencent par se séparer des objets qui leur étaient chers. Vaisselle, meubles, bibelots, il y a peut-être un trésor.

Le bouquet de fleurs en faïence Chine, la bibliothèque, la petite vitrine, cadres, photos et la collection de montres. Il y a de jolies choses.

Mais la difficulté.

Le plus dur est de choisir ce qu'on veut garder. Il y a tellement de choses. On a grandi dans cette ambiance. Tous les objets, sentimentalement, ont la même valeur.

C'est un caricaturiste.

Cette caricature est peut-être un trésor. Ou cette coupe en porcelaine de Sevres, estimée à 200 euros. Un meuble a une valeur particulière pour Alain Desmure.

Je l'ai toujours vu, ce meuble servait d'atelier à mon père. Il était rempli de brosses, de pinces, de tournevis.

Il a une jolie patine, cela devrait bien se vendre. J'espère le faire à 400 à 500 euros.

J'ai toujours voulu garder ce meuble, mais ma maison en Ardèche est déjà pleine. Ma seule volonté est qu'il reste dans la région pour qu'il puisse revivre une deuxième fois.

Il faut vider cette maison. De plus en plus de familles sont obligées de revendre.

On hérite un peu plus âgé, on est déjà équipé. Souvent, dans les héritages, on ne garde que quelques objets, ceux à fort caractère sentimental.

Le vrai trésor est peut-être là.

Nous avons retrouvé des lettres de notre père quand il était en Indochine. "Le régiment est parti, je suis resté 18 jours à Saïgon." "lci, c'est plein de Chinois qui nous ont reçus à coups de canon." "Il y a eu 38 morts pour le débarquement." C'est précieux, c'est sa vie. C'est difficile de vivre sans lui. On a l'impression de dépouiller nos parents. On ne peut pas faire autrement, on ne peut pas tout garder. C'est un moment très douloureux. C'est toute une vie qui disparaît.

Ces lettres resteront dans la famille. 3 semaines plus tard, le jour tant redouté. La vente aux enchères a lieu dans le garage.

C'est une impression bizarre.

Il n'y aura plus rien après, la maison sera vide.

Porcelaine de Sèvres, 190 euros, 200, 210, 220, 230, 250. Adjugé 250 au 70.

La caricature trouvera preneur à 30 euros. Les objets partent les uns après les autres. Alain Desmure est de plus en plus absent.

Le 172, c'est le grand buffet. 150 euros.

L'acheteur va rester anonyme.

C'est quelqu'un de la région, un homme.

Après 4 heures de vente, 200 lots sont partis.

Une belle cafetière, elle est magnifique.

Et vous monsieur, que prenez-vous.

Plusieurs lots de vaisselle et des verres. Ce n'est pas pour les revendre.

On est contents que ces objets revivent dans une autre famille.

C'est dur de voir les gens partir avec les objets. La réalité nous tombe dessus. C'est un moment qui n'est pas simple ni facile pour nous.

Les derniers visiteurs s'en vont. La maison est vide. la famille doit tourner la page.

Un cadeau tombé du ciel pour Saint-Germain-de-la-Coudre, dans l'Orne, en Normandie. Son maire a reçu un chèque de près de 3 millions d'euros. Il provient de l'ancien coiffeur de la commune, décédé dernièrement. Il aimait aussi jouer en Bourse, et manifestement, il avait du talent.

Une manne inespérée pour cette commune de 839 habitants. Raymond Bru, coiffeur aimait tellement son village qu'il décida de lui léguer sa fortune. 4 maisons, un appartement a Paris, une assurance-vie et des placements, un capital de 2,6 millions d'euros. Trois fois le budget de la commune.

C'est un beau gain, c'est une belle surprise pour moi. On se prend à rêver sur ce qu'on pourrait envisager pour nos concitoyens. J'ai été très agréablement surprise.

Raymond Bru, mort en 2012, a vécu ici avant de monter à Paris son salon de coiffure. Tout le monde se souvient de lui.

Je servais en boutique, c'est un homme modeste.

Je le connaissais, c'était quelqu'un de très humble. Il s'habille anciennement. C'était une personne très intelligente. Il prenait "Le Figaro" et boursicotait. Tout son pécule vient de là, je pense.

La bonne nouvelle est récente mais la commune a déjà commencé à piocher dans l'héritage. 3 nouvelles classes de l'école sont en cours de construction. Cette salle polyvalente porte déjà le nom du généreux donateur. Seule contrepartie, ses maisons devront être conservées au moins 100 ans dans la commune.

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