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Vous en parlerez aujourd'hui. Les réseaux sociaux algériens s'inquiètent de la décision de Bouteflika

Tous les jours, Jean-Mathieu Pernin repère une info à partager, à la machine à café ou sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, les réactions des Algériens sur le retrait de la candidature de Bouteflika sont très nombreuses.

Article rédigé par franceinfo, Jean-Mathieu Pernin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le tweet d'El Manchar, site algérien d'informations fausses et saugrenues, concernant le retrait de la candidature d'Abdelaziz Bouteflika à la prochaine élection présidentielle. (CAPTURE D'ECRAN TWITTER)

D'abord heureux puis sceptiques, les Algériens débattent de leur avenir sur Twitter et Facebook. Beaucoup dénoncent une ruse du président alors que les appels à manifester vendredi 15 mars se multiplient.  Sur les réseaux sociaux, jamais le terme de "vague" n’a été aussi précis pour décrire un phénomène. L’arrivée de cette vague, ce sont d’abord ces milliers de messages qui se réjouissent de l’annonce du retrait de la candidature de Bouteflika. Beaucoup de simples "Enfin !", envoyés comme une respiration et tout de suite, des centaines de vidéos de manifestants qui descendent dans les rues :

À noter, comme depuis le début des défilés anti-cinquième mandat, un humour qui se dégage des principaux messages relevés sur les réseaux sociaux. El Manchar, sorte de Gorafi algérien, tweete : "Bouteflika, il faut toujours qu’il casse l’ambiance. On était bien content de manifester chaque vendredi, nous !" :

Cette photo, très partagée, où l’on voit le président algérien les mains jointes, et ce titre : "Passation de pouvoir en Algérie" : 

Ou encore Sami Ameziane, humoriste français d’origine algérienne avec ce message : "Bouteflika renonce, maintenant il va falloir le prévenir".  Et puis d’un coup, le reflux. La joie devient écume pour laisser place au sel du débat. Les messages de soutien pour la décision du président algérien de ne pas se présenter à un cinquième mandat sont aussitôt repris à la volée par d’autres demandant : "Oui mais maintenant ?" On accuse Bouteflika de ruse, de clan, accusé de vouloir se maintenir à tout prix, on parle même de coup d’État. Si Abdelaziz Bouteflika est le plus souvent objet de moquerie, un symbole sans vie (sauf ses tremblements), les mots les plus durs sont pour le système : "Comment s’en sortir avec ceux qui poussent le fauteuil du président ?", explique un utilisateur de Twitter. Sur Facebook, on se fait plus cinglant : "Arrêtez de manifester, on a gagné. Bouteflika continuera son 4e mandat pendant dix ans. Il n’y aura jamais de 5e mandat !" Le cynisme pour faire face à l’incompréhension et à se demander qui a gagné finalement ? Beaucoup d’internautes s’inquiètent d’une violation de la Constitution. "Aucune disposition juridique ne permet le report des élections. Il est à mon sens anticonstitutionnel", lit-on sur Twitter.

Le #Bouteflika des grands jours est de retour. "Petite victoire pour le peuple, le combat sera encore long et lent" lui répond un utilisateur du réseau social. Ce qui domine aujourd’hui sur Facebook, sur Twitter ou sur YouTube, ce sont les appels à rester mobilisés pour la prochaine journée de manifestation vendredi prochain.

Ce mardi 12 mars, en Algérie, les réseaux sociaux s’interrogent "Où en suis-je aujourd’hui ?" et cette question posée par une étudiante:  "Si Bouteflika est à terre, pourquoi le pouvoir reste-t-il debout ?"    

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