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Plus de 100 bébés nés par GPA bloqués en Ukraine en raison de l'épidémie de coronavirus

Dans ce pays de l’Est de l’Europe, des dizaines de nouveau-nés attendent leurs parents qui ne peuvent pas entrer sur le territoire.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Une infirmière s'occupe des nouveau-nés à l'hôtel Venice de Kiev (Ukraine), le 15 mai 2020. (SERGEI SUPINSKY / AFP)

C’est un effet indirect de l’épidémie de Covid-19. L’une des agences ukrainiennes spécialisées dans les mères porteuses, Bio Tex Com, a mis en ligne sur son site des images saisissantes : on y voit, dans une vaste chambre d’hôtel réaménagée en pouponnière, pas moins de 46 nouveau-nés. Ils sont tous allongés dans leur berceau individuel, mis côte à côte, certains dorment, d’autres pleurent, etc. Ils sont tous nés ces derniers jours, et tous attendent leurs parents, qui ne peuvent pas venir les chercher.

Les frontières de l’Ukraine sont fermées depuis deux mois, et jusqu’à nouvel ordre, en raison du coronavirus qui a fait officiellement 548 morts en Ukraine et contaminé 19 000 personnes. Au total, selon les autorités ukrainiennes, plus de 100 bébés se trouvent dans cette situation. Si les frontières restent fermées, le nombre pourrait atteindre 1 000 d’ici six mois. Les parents, qui sont des couples infertiles, sont principalement chinois, allemands, espagnols, français. On trouve aussi des Américains, des Britanniques, des Argentins, des Portugais ou des Autrichiens. Et tous ces bébés sont pour l’instant pris en charge par les sociétés qui gèrent ces procédures de gestation pour autrui : l’Ukraine en compte quatorze.

Des ambassades étrangères mal à l'aise

Pour que ces parents puissent venir leur chercher leurs bébés, il leur faut une sorte de sauf-conduit diplomatique, afin de pouvoir entrer en Ukraine à titre dérogatoire. La décision dépend du ministère des affaires étrangères de chaque pays d’origine : libre à lui de délivrer le sésame. Le Royaume-Uni semble en avoir rédigé quelques-uns, mais dans la plupart des cas, les pays concernés s’y refusent, parce que la GPA est interdite sur leur sol. Les ambassades sont donc mal à l’aise avec le sujet, comme la France. La situation paraît insoluble.

En France, plusieurs couples concernés ont lancé une pétition en ligne pour faire pression sur le Quai d’Orsay. La pétition comptait 1 588 signatures, mardi 19 mai. Pour les parents en question, c’est un crève-cœur de ne pas savoir quand ils pourront retrouver enfin leur bébé. Pour les nouveau-nés, ça se double d’un problème juridique : à ce jour, ils sont tous apatrides, puisque reconnus par personne, ni par l’Ukraine, ni par le pays de leurs parents.

Un business avec 14 sociétés spécialisées

Cette situation relance le débat moral sur la gestation pour autrui, d’autant qu’en Ukraine, c’est un peu un business. Ce pays de l’Est de l’Europe est devenu le quartier général de la GPA, avec 14 sociétés spécialisées, et entre 1 000 et 2 000 naissances par an. Ces GPA, en quasi-totalité, sont initiées par des parents étrangers : il en coûte entre 30 000 et 40 000 euros, dont la moitié revient aux mères porteuses, pour lesquelles c’est une ressource importante, dans ce pays où la pauvreté est répandue.

La situation actuelle ravive donc la controverse. En Ukraine, l’Eglise et une partie de la classe politique dénoncent cette marchandisation du corps humain, ce qu’elles appellent une "vente en ligne des enfants". Ils demandent l’abolition de la GPA dans le pays. Les parents concernés répondent qu’en Ukraine, au moins, le dispositif est encadré et médicalement fiable.

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