Guerre en Ukraine : "Nous sommes dans une impasse", reconnaît le chef d'état-major de l'armée ukrainienne

Le chef d'état-major de l'armée ukrainienne, Valeri Zaloujny, reconnaît que le conflit est dans une impasse et que la contre-offensive menée par ses troupes n’a pas obtenu les résultats attendus.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Le président ukrainien en visite auprès des troupes de l'armée sur le front, en octobre 2023. (UKRAINE PRESIDENCY/UKRAINIAN PRE / MAXPPP)

Dans une rare interview accordée au magazine The Economist, Valeri Zaloujny assume ses propres erreurs. Le général en chef des forces ukrainiennes constate d’abord, qu’au terme de 5 mois de contre-offensive, ses soldats n’ont avancé que de 17 petits kilomètres, très loin de la feuille de route initiale qui prévoyait une progression de 30 kilomètres par jour.

"Les calculs que nous avions faits devaient nous permettre d’atteindre la Crimée en 4 mois" affirme Zaloujny. Il a d'abord pensé que ces commandants n’étaient pas à la hauteur et il a donc décidé d’en repositionner certains. Ensuite, il a changé la composition des brigades, pensant que les soldats n’étaient pas adaptés à leur mission. C'est là le récit d’un chef de guerre totalement impuissant qui ne peut que parvenir qu'à une seule conclusion : l’impasse.

Selon le général ukrainien, le niveau technologique de l’armement utilisé de part et d’autre est tel que sur le terrain, les troupes se neutralisent. Les systèmes de surveillance identifient presque en temps réel la moindre concentration de forces, et la précision des armes utilisées ne laisse aucune chance à la moindre tentative de franchir la ligne de front. Valeri Zaloujny l'admet, "il n’y aura probablement pas de percée profonde et belle. Pour faire la différence, nous avons besoin de quelque chose de nouveau et un saut technologique serait nécessaire."

Les Occidentaux s'impatientent

Le chef d'état-major fait ici référence aux limites des livraisons d'armes occidentales. "Ils ne sont pas obligés de nous donner quoi que ce soit, nous sommes reconnaissants", précise Zaloujny, qui laisse entendre que le type d’armes dont disposent ses soldats ne permet pas de faire la différence.

Les avions F16 américains ne seront opérationnels qu’en 2024 et les Ukrainiens réclament des systèmes électroniques de brouillage de dernière génération. Face à eux, les alliés exigent un retour sur investissement immédiat, mais la mission est impossible sur un champ de bataille, comme l’explique un expert militaire ukrainien. "Si les Occidentaux font preuve de patience pour que nous puissions user les Russes et ouvrir une brèche ça marchera, dit-il. Comme on le sait, attaquer est plus dur que défendre et ça ne dépend pas des Ukrainiens, mais des pays occidentaux".

Les Ukrainiens sont désormais confrontés à un nouveau type de pression puisque l’Europe commence à compter ses sous et aux États-Unis, à un an de la présidentielle, les républicains demandent des comptes à Joe Biden. Ces différents signaux ont donc fini de convaincre le général Zaloujny que cette contre-offensive était vouée à l’échec.

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