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Guerre en Ukraine : le Venezuela redevient-il fréquentable ?

Au mois de juillet, "Un Monde d’avance" s’intéresse à la nouvelle donne diplomatique née de la guerre en Ukraine. Aujourd'hui, direction le Venezuela, qui semble redevenir un partenaire potentiel des pays occidentaux depuis que le pétrole se fait plus rare.

Article rédigé par Julie Pietri
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le président vénézuelien Nicolas Maduro, le 17 juin 2022, lors d'une visite en Azerbaïdjan. (Venezuelan Presidency / AFP)

La visite avait surpris : quelques jours après le début de la guerre en Ukraine, des représentants de la Maison Blanche ont pris un vol pour Caracas. Cela faisait alors trois ans qu'Etats-Unis et Venezuela ne se parlaient plus. Les relations diplomatiques étaient complètement rompues : Donald Trump, alors président des Etats-Unis, puis son successeur Joe Biden ne reconnaissent pas Nicolas Maduro comme président légitime. Mais ce jour-là, la mission était bien de discuter "sécurité énergétique des Etats-Unis".

"Nous avons eu une réunion que je pourrais décrire comme respectueuse, cordiale, très diplomatique, annonçait après cette visite le président du Venezuela, Nicolas Maduro. Nous avons convenu de travailler sur un agenda pour l'avenir."

Car dans le sous-sol vénézuélien reposent les plus importantes ressources de pétrole au monde, précieuses alors que le conflit russo-ukrainien a fait exploser les prix. Les Etats-Unis annoncent un peu après cette réunion un assouplissement des sanctions qu'ils avaient décrétées contre l'industrie pétrolière du Venezuela.

Trouver du pétrole, isoler la Russie

"Pour l'instant le changement est modeste. Mais c'est un très fort retournement de situation", explique Thomas Posado, docteur en sciences politiques. Il donne un exemple : la compagnie américaine de pétrole Chevron a désormais le droit de discuter directement avec le Venezuela, même s'il reste un grand nombre de restrictions.  

"Ce changement obéit à plusieurs impératifs, précise le chercheur. À la fois, d'un côté, le besoin de trouver de nouveaux fournisseurs face au fait que les Etats-Unis se privent de pétrole russe. Mais aussi le fait d'isoler la Russie, le Venezuela étant un des principaux alliés de la Russie dans les Amériques, et rendre le Venezuela moins dépendant de la Russie, c'est participer à l'isolement de la Russie." 

Mais cela ne signifie pas pour autant que Nicolas Maduro est devenu un allié de Joe Biden, nuance Thomas Posado : "Le lien entre le Venezuela et la Russie reste très fort. Le nouveau ministre des affaires étrangères (de Caracas), nommé il y a quelques semaines, était l'ancien ambassadeur du Venezuela à Moscou. Donc nous sommes sur des changements qui ne sont pas des renversements diamétraux de la situation précédénte."

Et l'importation massive – ainsi que l'importation tout court même – de pétrole vénézuélien aux Etats-Unis n'aura pas lieu immédiatement. D'abord parce qu'il s'agirait d'un geste risqué électoralement pour Joe Biden : les communautés vénézuéliennes et cubaines aux Etats-Unis, notamment en Floride, sont souvent violemment anti-Maduro. Et il existe aussi des limites techniques pour le Venezuela, dont les installations pétrolières sont aujourd'hui en très mauvais état.      

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