États-Unis : des manifestations pro-palestiniennes sur le campus de l'université de Columbia se heurtent à la police et au gouvernement
Aux États-Unis, il y a une résurgence de manifestations pro-palestiniennes dans certaines universités. Depuis une semaine, c’est à New York, à l’Université de Columbia, que le mouvement a tenté de trouver un second souffle. Mais celui-ci a été coupé net par les forces de police anti-émeutes qui ont arrêté lundi 22 avril 2024 une partie des étudiants pro-palestiniens, installés sous des tentes sur l’esplanade de l’université depuis mercredi. Columbia est un symbole des manifestations historiques de 68 contre la guerre du Vietnam et contre la ségrégation raciale. Columbia a voulu prendre le relais des universités d’Harvard et de Pennsylvanie, dont les deux présidents, sous la pression du Congrès, ont dû démissionner il y a quelques semaines pour ne pas avoir condamné ce mouvement pro-palestinien.
Que ce soit à Columbia, à Yale ou à l’université de New York, la police serre de très près les manifestants et procède régulièrement à des arrestations. La contestation ne trouve plus aucun soutien. À son tour devant le Congrès mercredi dernier, la présidente de Columbia déclarait : "l’antisémitisme n’a rien à faire sur notre campus". Certes, mais en sous-texte, il faut comprendre que l’expression d’une contestation de la politique israélienne à Gaza n’est plus possible non plus. Le président américain a, lui aussi, fait volte-face, alors qu’il avait donné raison, il y a quelques semaines, à deux manifestantes palestiniennes venues interrompre l’un de ses discours.
Suspension de dons, approche de la présidentielle... Le ton change
Pour Columbia, il y a eu la coupe sèche annoncée par trois généreux donateurs de 100 millions de dollars annuels. L’administration a vite fait le calcul. Cette suspension immédiate des dons a été justifiée de manière assez radicale par l’un de ces trois milliardaires, Robert Kraft, sur le plateau de Fox News. Il n’est pas loin du point Godwin lorsqu’il compare cette contestation étudiante pro-palestinienne aux pires heures de la persécution contre le peuple juif. "C’est ce qui se passe aujourd’hui, dans ce pays magnifique qui a offert tant d’opportunités aux membres de nos familles qui sont arrivés en tant qu’immigrants. Nous ne pouvons pas laisser ces intimidations s’installer sur les campus et la haine se propager de cette manière", a-t-il déclaré sur Fox News.
Autour des campus, il y a aussi l’enjeu politique de cette année 2024. La présidentielle approche, et chaque point de tension peut très vite devenir problématique. Les autorités changent de ton, elles évoquent des tensions, craignent la mise en danger des étudiants juifs sur les campus. Dans les faits, il est difficile de justifier le déploiement de la police anti-émeute. Côté manifestants, même si les messages sont sans ambiguïté (les étudiants parlent de génocide et de complicité des États-Unis), dans l’ensemble le mouvement reste pacifique.
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