En Allemagne, Daniela Cavallo devient la première femme à accéder au plus haut poste syndical chez Volkswagen
C'est une petite révolution et un symbole de parité dans un pays où la cogestion avec les syndicats est omniprésente.
Elle s'appelle Daniela Cavallo. À 46 ans, elle va prendre la tête du Betriebsrat, le très puissant Conseil des salariés du constructeur automobile allemand seize ans. Son départ a été annoncé vendredi 23 avril, à Wolfsburg, au siège du groupe. Un symbole important car c'est sans précédent : jamais une femme n'avait occupé ce poste en Allemagne, un poste très puissant. Son prédécesseur vient de lui passer la main en lui rendant hommage. Elle possède à la fois, dit-il, "des qualités de leadership, d'empathie et de stratège".
Le parcours de cette femme au regard souriant et déterminé est intéressant. Elle est fille d'immigrés italiens, d'où son nom de famille. Son père avait quitté l'Italie pour venir travailler sur les bans de montage de Volkswagen. Daniela Cavallo a elle-même fait toute sa carrière chez le constructeur automobile et dès l'âge de 27 ans, elle a été repérée par les syndicats pour sa capacité de négociation. Elle a ensuite gravi les échelons jusqu'à devenir l'adjointe de Bernd Osterloh.
C'est un symbole aussi pour cette entreprise à l'état-major très masculin et qui souhaite faire émerger des dirigeantes féminines. Volkswagen vient d'ailleurs de nommer également une femme à la tête de sa direction informatique. Rappelons aussi que l'Allemagne a décidé, à l'automne dernier, d'imposer désormais des quotas de femmes dans les directoires des grandes entreprises privées.
La représentante de 660 000 salariés
Ce poste, la tête du Conseil des salariés, est un poste très important chez Volkswagen. On ne mesure même pas, vu de France, à quel point c'est important : en Allemagne, la cogestion avec les syndicats est la règle dans de nombreuses grandes entreprises.
Daniela Cavallo devient d'abord de fait la dirigeante syndicale la plus puissante du pays, dans l'entreprise automobile la plus grande, au sein d'une industrie extrêmement puissante. Concrètement, elle se retrouve au sommet d'une pyramide de 660 000 salariés, dont près de la moitié en Allemagne, le reste à l'étranger. Elle va siéger au sein de la grande confédération syndicale nationale, IG Metall.
Dans une entreprise comme Volkswagen rien ne peut se faire sans le Betriebsrat, le Conseil des salariés. Le prédécesseur de Daniella Cavallo, Bernd Osterloh, s'est souvent opposé avec vigueur au patron du groupe Herbert Diess, dont il a failli obtenir le départ. En raison de divergences sur la stratégie de conversion accélérée à la voiture électrique, après le scandale des moteurs diesel truqués. Daniella Cavallo se retrouve de fait quasiment co-dirigeante du groupe.
Du syndicalisme à la direction des ressources humaines
Et là où on voit que Volkswagen est un monde à part, c'est aussi quand on regarde ce que va faire le partant. Bernd Osterloh change officiellement de fonction le 1er mai mais il ne quitte pas l'entreprise. De syndicaliste en chef, il devient DRH de la filiale poids lourds de Volkswagen, Traton, basée à Munich, et qui travaille beaucoup avec les entreprises scandinaves, Volvo, Scania. Un poste de direction grassement rémunéré : deux millions d'euros par an. Il va donc peut-être se retrouver prochainement confronté à Daniella Cavallo, son ancienne adjointe.
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