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Covid-19 : le paradoxe pakistanais

Le gouvernement pakistanais met en place des mesures draconiennes pour lutter contre la pandémie mais n’ose pas interdire les rassemblements religieux.

Article rédigé par franceinfo, Bertrand Gallicher
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un rassemblement religieux, le 27 avril 2021, à Peshawar, au Pakistan, pendant la pandémie de Covid-19. (BILAWAL ARBAB / EPA)

Face au Covid-19, le Pakistan a fermé ses frontières terrestres avec l’Afghanistan et l’Iran. Pour des raisons politiques c’était déjà le cas avec l’Inde, où la situation est catastrophique. Mais si le gouvernement pakistanais met en place des mesures draconiennes pour lutter contre la pandémie, il n’ose pas interdire les rassemblements religieux où des milliers de personnes se côtoient sans masque.

Les chiffres officiels paraissent bien peu crédibles. Sur une population de 220 millions d’habitants, il y aurait 800 000 cas positifs et 18 000 morts. Des données à prendre avec des pincettes, car l’accès aux tests est limité. Et les statistiques douteuses ne parviennent pas à convaincre les connaisseurs du pays. Plusieurs ONG parlent de nombre record de décès dans toute la région, y compris au Pakistan.

Les mesures prises par les autorités afin de lutter contre la pandémie laissent également imaginer une situation grave, avec écoles et restaurants fermés, horaires restreints dans les magasins et mobilisation de l’armée contre le Covid. Les déplacements sont en principe interdits.

Les mosquées ne désemplissent pas

Il y a des rassemblements massifs en cette période de ramadan. Les autorités ont cédé à la pression des dignitaires musulmans en fermant les yeux sur les prières collectives dans les mosquées, où les précautions sont rarement respectées. Un pouvoir terrifié à l’idée de contrarier certains dirigeants d’inspiration sunnite ou chiite et les foules qui leur font allégeance.

98% des Pakistanais sont musulmans. La religion est un tabou absolu dans cette République islamique, où la moindre atteinte au dogme peut entraîner un déferlement de violence. Cette semaine des milliers de chiites se sont regroupés -sans masques - dans plusieurs villes pour se flageller en commémorant la mort de l’imam Ali, le gendre du prophète. Face au Covid-19 règne un déni résumé hier par le Premier ministre Imran Khan : "En Inde, les gens meurent dans les rues, dit-il, alors que Allah s’est montré bienveillant envers nous par rapport au reste du monde."

Des médecins tirent le signal d’alarme

Depuis plus d’un an, des scientifiques argumentent auprès des autorités pour que la distanciation physique soit respectée partout, y compris dans les rassemblements religieux. Les plus inquiets étant les médecins, qui doivent s’accommoder d’un système de santé à bout de souffle. Le Pakistan doit recevoir d’ici juin près de 15 millions de doses de vaccins via le système Covax.

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