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Corée du Nord : en tirant deux missiles, Kim Jong-un veut tester Joe Biden

Le dirigeant du régime totalitaire vient de tester deux missiles balistiques. Une façon de rappeler aux États-Unis que le dossier nucléaire nord-coréen n’est aucunement réglé.  

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des images de la télévision sud coréenne montre un test de tir ballustuque mené par la Corée du nord, le 25 mars 2021. (JUNG YEON-JE / AFP)

Si on ne parlait pas d’armes nucléaires, on serait tenté d’en sourire et de dire que Kim Jong-un, en autorisant le tir de deux missiles, jeudi 25 mars, vient de faire "Coucou c’est moi !" La Corée du Nord a, en effet, mis en place depuis de longues années tout un langage via les tirs de missile, une sorte de morse qu’il faut décrypter. En l’occurrence, il s’agit de toute évidence d’attirer le regard du nouveau président américain. Sur le mode : "Attention, nous sommes dangereux, occupez-vous de nous, envoyez-nous un signe".

Des tirs en direction du Japon, allié de Washington

Le fait est que depuis l’arrivée de Joe Biden il y a deux mois, il n’y a eu aucun contact entre Washington et Pyongyang. Après avoir déjà tiré dimanche 21 mars deux missiles de croisière assez classiques, la Corée du Nord est donc passée jeudi, au matin, au cran supérieur. Il s’agissait cette fois, selon les analyses des voisins (le Japon, la Corée du Sud), de deux missiles balistiques. Beaucoup plus dangereux, et surtout interdits par l’ONU.

Ce tir est une première depuis un an. Les missiles ont parcouru 450 km, dans la direction du Japon, allié de Washington, avant de s’abîmer en mer. Et comme par hasard, cela intervient juste après la visite au Japon du chef de la diplomatie américaine Anthony Blinken, et juste avant la première conférence de presse de Joe Biden jeudi. C’est donc un appel du pied adressé à Washington

La relance du programme nucléaire

Il est probable que la Corée monte en régime si Washington hausse les épaules et dédaigne cet avertissement. Dans ce morse, ce langage codé, l’étape suivante pourrait être le lancement d’un missile de portée intercontinentale ou un nouvel essai d’explosion nucléaire. La Corée du Nord est familière de ce type de propagande.

Le problème, c’est que c’est davantage que de la propagande. Les négociations directes avec Donald Trump s’étant soldées par un échec retentissant, la Corée du Nord a relancé son programme nucléaire. Elle possède déjà des missiles de 13 000 km de portée et développe de nouvelles armes encore plus puissantes, notamment un projet de missile par lancement sous-marin, baptisé Pukguksong. L’objectif c’est d’être en capacité d’atteindre le sol américain de l’autre côté du Pacifique.

Autre signal belliqueux, la montée en grade dans le régime nord-coréen d’un militaire de haut rang, Ri Pyong Chol, nommé maréchal, un grade jusqu’à présent réservé à la famille de Kim Jong-un et avant lui de son père et de son grand-père.

L'échec cinglant de Trump

En face, la marge de manœuvre des États-Unis est étroite. D’abord, Joe Biden a d’autres chats à fouetter : la Chine, la Russie, l’Iran. Et puis surtout il y a l’échec de Donald Trump sur le sujet, avec cette illusion de négociations directes qui ont tourné au show sans aucun résultat.

Le plus probable est que l’équipe Biden en revienne à une diplomatie classique sur le sujet, celle des sanctions économiques. Mais pour être efficace, elle doit être appuyée par la Chine, principale alliée de la Corée du Nord. Et comme Pékin est à couteaux tirés avec Washington, ça ne va pas faciliter le règlement de l’affaire. Pendant ce temps, la menace nucléaire nord-coréenne augmente.

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