Burkina Faso : trois diplomates français priés de quitter le territoire sous 48 heures

Depuis l'arrivée d'Ibrahim Traoré au pouvoir en 2022, les relations entre le Burkina Faso et la France ne cessent de se tendre. Jeudi, trois diplomates ont été déclarés "persona non grata" sur le territoire du Burkina Faso, pour "activités subversives".
Article rédigé par Nathanaël Charbonnier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le président Traoré, arrivé au pouvoir lors d'un coup d'État, promeut l'amitié avec la Russie, la remerciant d'avoir soutenu la transition.Ouagadugou, le 5 mars 2024. (UTE GRABOWSKY / PHOTOTHEK)

Cette fois, ce sont les expulsions de trois diplomates français qui viennent s'ajouter aux nombreux dossiers compliqués qui enveniment les relations entre les deux pays. Le ministère des Affaires étrangères burkinabé a annoncé dans une note, jeudi 18 avril, que ces trois diplomates, dont deux sont enregistrés comme conseillers politiques, sont déclarés "persona non grata" sur le territoire burkinabé. Officiellement, Ouagadougou leur reproche des "activités subversives", ce qui veut tout et rien dire. Ils sont accusés d'avoir tenu des réunions avec des membres de la société civile.

Le 1er décembre 2023, déjà, quatre fonctionnaires français - des agents du renseignement selon les autorités burkinabées, des techniciens de maintenance informatique, selon une source diplomatique française - avaient été arrêtés à Ouagadougou, puis mis en examen et incarcérés. Ils se trouvent aujourd'hui en résidence surveillée. Un an auparavant, en 2022, le gouvernement burkinabé avait expulsé deux Français qui travaillaient pour une société du Burkina Faso, soupçonnés par les autorités d'être des espions.

Des accusations infondées pour le Quai d'Orsay

En mars 2023, on se souvient de la dénonciation de l'accord militaire de 1961 par le Burkina Faso, qui a abouti au départ des militaires français qui étaient basés près de la capitale. On peut ajouter aussi la suspension de la liaison directe d'Air France Paris-Ouagadougou, ou encore la suspension aussi des médias français qui émettaient au Burkina dont Le Monde, Radio France internationale, France 24, Jeune Afrique, et LCI.

Cet incident ne devrait pas changer grand-chose à la "non-relation" qui existe entre les deux pays, mais pour l'heure, la France explique que cette décision est tout simplement injustifiée. Le porte-parole du Quai d'Orsay, Christophe Lemoine, regrette cette expulsion de "personnels français dont certains étaient affectés à l'ambassade de France au Burkina Faso" : "Nous rejetons les accusations infondées des autorités burkinabées portées à l'encontre de nos agents", déclare-t-il. Défendant une présence et des activités qui s'inscrivent "pleinement dans le cadre des conventions de Vienne sur les relations diplomatiques et consulaires", le porte-parole ajoute : "La décision des autorités burkinabées ne repose sur aucun fondement légitime. Nous ne pouvons que la déplorer."

Une région aux mains des Russes

La France s'arrête là dans ses commentaires, une façon de dire que cela ne mérite pas plus, tellement l'affaire est ridicule. D'autant que Paris n'attend vraiment plus grand-chose des autorités burkinabées. Paris sait que le pays s'est tourné vers les Russes, dans la lignée de ce qui se passe au Mali ou encore au Niger et d'une façon générale au Sahel.

Pour la diplomatie française, la question est de savoir si le pays va sombrer dans la dictature pure et dure, ou si la population, sentant le danger, aura la force de réagir et d'affronter les militaires et la junte, qui ont pris le pouvoir après le coup d'État de janvier 2022.

Mais une chose est certaine, il n'y a pas d'élections en vue et la ficelle des autorités, qui consistent à agiter le chiffon français pour dire que tout va mal, va commencer à être usée car la France est vraiment partie du pays. Cela fait maintenant un an, et force est de constater que depuis, le pays s'enfonce malgré la prise de pouvoir totale des militaires. Les massacres continuent partout dans le pays et les promesses de paix promises aux Burkinabés par la junte sont tout sauf une réalité.

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