Cet article date de plus d'un an.

Pendant que tous les regards sont tournés vers le Moyen-Orient, la situation ne cesse de dégénérer au Sahel

Rien que cette semaine, deux rapports viennent alerter sur la situation, au Mali, Burkina Faso et Niger. À chaque fois ce sont les populations civiles qui en font les frais, avec des crimes commis à la fois par les jihadistes mais aussi par les armées régulières.
Article rédigé par Nathanaël Charbonnier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Deux rapports de novembre 2023 alertent sur les situations qui ne cessent de se dégrader au Burkina Faso, Mali et Niger. (GOOGLE MAPS)

Un premier rapport est signé par Amnesty international. L’ONG met notamment en avant les blocus imposés dans au moins 46 localités du Burkina Faso. Les jihadistes font le siège des communes. Impossible d'y entrer, impossible d'en sortir. Cette façon de procéder a commencé en 2019 mais s'est véritablement développée depuis l'année dernière. Les groupes armés attaquent les convois de ravitaillement destinés aux civils.

À cela s'ajoute  le fait qu'au Burkina, on estime qu'une personne sur 12 a été contrainte de quitter son foyer à cause du conflit. L'ONG Acled, qui comptabilise le nombre de victimes dans les conflits, parlent de plus de 1 400 civils tués l'année dernière auxquels il faudra additionner ceux de 2023. Des morts civils que l'on doit autant aux jihadistes qu'aux forces armées nationales, insiste Amnesty qui étend son diagnostic aux pays frontaliers comme le Niger, le Bénin, le Togo, le Ghana ou encore le nord de la Côte d'Ivoire.

Un second rapport va dans le même sens. C’est celui de Human Rights Watch qui s'intéresse de son côté plus spécialement au Mali. Et ce rapport commence par cette phrase : "Les attaques de civils perpétrées par les groupes armés islamistes et les meurtres de suspects par les forces progouvernementales lors d’opérations de lutte contre le terrorisme se sont multipliés." Des attaques et des exécutions sommaires sont commises en toute impunité. Et de préciser que ces abus ont lieu dans le centre et le nord du Mali, notamment depuis le mois d'avril 2023.

La France ne peut plus être pointée comme bouc-émissaire

L'ONG accuse islamistes et forces régulières d'avoir tué au moins une quarantaine d'enfants. Elle pointe du doigt aussi le groupe russe Wagner, accusé de participer à ces atrocités, avant d'achever son rapport en soulignant que depuis la fin du mois d'août, la situation s'est fortement dégradée après la reprise des hostilités entre les rebelles touareg et l'armée malienne. Il s’agit de rapports détaillés, avec témoignages et enquêtes, disponibles sur les sites internet des deux ONG.

La situation se dégrade et avancer l’argument que c’est la faute des Français va devenir de plus en plus difficile car, plus les mois passent, plus la présence française s'éloigne. Il va devenir de plus en plus compliqué pour les putschistes au pouvoir au Mali, Burkina ou Niger de se servir de la France comme bouc émissaire. Car, contrairement à ce que les juntes avaient laissé entendre, il s’avère que le départ de la France n’a pas simplifié la situation et que c’est même plutôt l'inverse pour les populations concernées. Et la question va se poser rapidement de savoir vers qui elles vont pouvoir se retourner après, une fois l'échec des dictatures militaires confirmé.
 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.