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Le Burkina Faso expulse des correspondantes du "Monde" et de "Libération", après avoir suspendu France 24

Les expulsions de Sophie Douce du "Monde" et d'Agnès Faivre de "Libération", arrivées dimanche matin à Paris, interviennent cinq jours après la suspension de la chaine de télévision France 24 et quatre mois après celle de Radio France Internationale (RFI).
Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
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Temps de lecture : 3min
Un homme à Ouagadougou (Burkina Faso) regarde une télévision sur laquelle le signal de la chaîne France 24 est coupé, le 27 mars 2023. (OLYMPIA DE MAISMONT / AFP)

C'est un nouveau signe de la dégradation de la liberté de la presse et des relations avec la France. La junte militaire au pouvoir au Burkina Faso a expulsé, samedi 1er avril dans la soirée, les correspondantes de deux grands quotidiens français. Sophie Douce du Monde et Agnès Faivre de Libération sont arrivées dimanche matin à Paris. Leurs expulsions sont intervenues cinq jours après la suspension de la chaîne de télévision France 24 et quatre mois après celle de Radio France Internationale (RFI).

Les deux journalistes avaient été convoquées vendredi à Ouagadougou à la sûreté nationale et ont ensuite reçu l'ordre de quitter le Burkina Faso dans les 24 heures. Ces expulsions surviennent quelques jours après la publication, par Libération, le 27 mars, d'une enquête sur "une vidéo montrant des enfants et adolescents exécutés dans une caserne militaire, par au moins un soldat" dans le nord du pays. Cette enquête "avait évidemment fortement déplu à la junte au pouvoir au Burkina Faso", souligne le quotidien. Les autorités burkinabè n'avaient dimanche matin fait aucune déclaration sur le sujet.

"La liberté de la presse au Burkina lourdement menacée"

Le Monde et Libération ont annoncé dimanche matin l'expulsion de leurs journalistes en dénonçant une mesure "inacceptable" et "arbitraire". Cette expulsion confirme, selon Libération, "que la liberté de la presse au Burkina Faso est lourdement menacée". Selon le quotidien, "Agnès Faivre et Sophie Douce sont des journalistes d'une parfaite intégrité, qui travaillaient au Burkina Faso en toute légalité, avec des visas et des accréditations valables délivrées par le gouvernement burkinabè".

Le Monde, pour sa part, "condamne avec la plus grande fermeté cette décision arbitraire", en soulignant que "Sophie Douce, comme sa consœur, exerce pour Le Monde Afrique un journalisme indépendant, à l'écart de toute pression". Le directeur du journal, Jérôme Fenoglio, "demande aux autorités locales de revenir au plus vite sur ces décisions et de rétablir sans délai les conditions d'une information indépendante dans le pays".

Seuls des médias français ont pour l'instant été ainsi sanctionnés par les autorités burkinabè. Depuis la prise du pouvoir par le capitaine Ibrahim Traoré le 30 septembre 2022, second coup d'Etat en huit mois au Burkina, les relations avec Paris se sont dégradées. Ouagadougou a réclamé et obtenu le départ de l'ambassadeur de France et des 400 soldats français des forces spéciales basés dans le pays. Début mars, le Burkina a en outre dénoncé un accord d'assistance militaire signé en 1961 avec la France.

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