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Bangladesh : violente répression avant les élections avec l'arrestation de 10 000 opposants

À l'approche des élections législatives, une vaste et violente opération de répression au Bangladesh a conduit à l'arrestation de 10 000 opposants, selon un rapport de l’ONG Human Rights Watch publié lundi.
Article rédigé par Nathanaël Charbonnier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des policiers après un rassemblement de militants exigeant la démission de la Première ministre Sheikh Hasina et la libération de la présidente du BNP, Begum Khaleda Zia, à Dhaka, le 28 octobre 2023. (MUNIR UZ ZAMAN / AFP)

À quelques semaines des élections législatives au Bangladesh, des arrestations massives ont suivi les manifestations d'opposants sévèrement réprimées. Human Rights Watch a déclaré lundi 27 novembre dans un rapport, que 16 personnes y sont mortes, dont deux policiers, 5 500 personnes ont été blessées et pas moins de 10 000 militants ont été arrêtés en un mois.

Le parti nationaliste du Bangladesh, le BNP, principal parti d’opposition, affirme dans un bilan rendu public dimanche que plus de 16 000 arrestations de ses membres ont eu lieu, dont plusieurs dirigeants et notamment le chef du parti. Ces arrestations sont souvent suivies de procès. La plupart des opposants écopent de peines allant de deux ans et demi à sept ans de prison, après avoir été reconnus coupables de violences lors de manifestations.

Au départ, des manifestations pour le pouvoir d'achat

Cette répression a commencé alors que les Bangladais étaient au départ dans la rue pour leur pouvoir d’achat. Les manifestations ont commencé début octobre. Un mouvement social important s'est formé pour demander un relèvement des salaires, notamment des ouvriers du textile. Ce secteur est capital pour la vie du pays, car le Bangladesh est le deuxième exportateur mondial de vêtements après la Chine.

Or les conditions de travail sont désastreuses pour les quatre millions de personnes qui vivent de l’habillement. Il s’agit souvent de femmes mal payées qui sont touchées de plein fouet par l’inflation et la vie devient impossible pour elles et leurs familles.

Un possible quatrième mandat consécutif

Mais en plus de ces manifestations, le pays a rendez-vous avec des élections prochainement. Les élections législatives sont prévues en janvier, pour les 170 millions d'habitants du pays. La Première ministre, Sheikh Hasina, vise un quatrième mandat consécutif au pouvoir, malgré les inquiétudes exprimées par les États-Unis et d'autres pays sur la tenue d'élections libres et équitables. En , Sheikh Hasina avait été reconduite à la suite d'une élection sans opposition, qui avait boycotté le scrutin. Et en , elle a entamé son troisième mandat consécutif à la suite d'une élection marquée par la violence et critiquée par l'opposition comme truquée.

La question est encore de savoir si on peut encore parler d’élections. Quand un gouvernement réprime et étouffe la liberté d’expression, quand un gouvernement emprisonne l’opposition avec des arrestations arbitraires, avec des disparitions forcées ou des intimidations, peut-on encore parler d’élections ? D’après l’ONG Human Rights Watch, le pays n’avait pas connu de toute son histoire une répression aussi massive contre l’opposition.

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