Bangladesh : les ouvriers du textile manifestent pour obtenir de meilleurs salaires
Ce débrayage coordonné massif a eu lieu aux quatre coins du Bangladesh. Il fait suite à de longs mois de contestation dans le pays car avec 70 euros par mois, les ouvriers du textile bangladais sont toujours et de loin considérés comme les parents pauvres de l’industrie. Ils gagnent en moyenne trois à quatre fois moins que des salariés travaillant dans la même industrie dans des pays comme la Chine, la Turquie, la Malaisie ou encore le Cambodge.
Le gouvernement a donc annoncé au printemps dernier la création d’une commission des salaires, chargée d’imaginer un nouveau mécanisme de revalorisation des revenus. La création de cette commission a été évoquée 15 jours avant de commémorer les 10 ans de l’effondrement du Rana Plaza, une usine de 8 étages dans laquelle, le matin du drame, les employées avaient refusé d’entrer en raison de fissures apparentes sur les murs.
La direction les avait obligés à prendre leur poste et quelques minutes plus tard le bâtiment s’effondrait, provoquant la mort de 1 134 personnes. Ce drame avait mis en lumière les conditions de travail insoutenables des ouvriers du textile, la responsabilité du gouvernement bangladais, les excès de la mondialisation et l’irresponsabilité des grandes marques internationales.
Pas de changement depuis ce drame
Après le drame, le gouvernement bangladais avait tout de même comblé les nombreux vides juridiques qui permettaient à l’époque des conditions de travail indécentes. Mais il se contente aujourd’hui d’effets d’annonces, comme la création de cette commission des salaires.
Les grandes marques affichent leur vigilance en multipliant les visites des usines de confection. Cependant, tout au bout de la chaîne, elles restent dans le viseur des ouvrières comme lors des premières manifestations au printemps 2023 où elles avaient demandé "la création de lois de reddition de comptes pour que les compagnies qui font affaire au Bangladesh s’assurent des bonnes conditions de travail des salariés et du respect des droits humains."
Les compagnies étrangères en revanche plaident non coupable et pointent du doigt le gouvernement bangladais, qui selon elles "ne fait pas respecter les lois de revalorisation annuelle en vigueur". Les élus locaux disent, de leur côté, être constamment sous la pression de ces mêmes compagnies qui menacent de relocaliser en Mongolie ou en Afghanistan. Au bout du compte, la situation n'a presque pas changé depuis 10 ans pour les ouvriers bangladais, qui touchent chaque mois des salaires couvrant à peine 60% de leurs besoins de base.
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