Au Soudan, la colère des opposants ne faiblit pas, deux mois après le putsch
Jeudi 30 décembre, ils étaient des dizaines de milliers à descendre dans les rues de Khartoum, malgré la répression sanglante de l'armée au pouvoir. La rancœur contre le Premier ministre grandit dans les rangs des manifestants.
Au Soudan, au moins quatre personnes sont mortes, jeudi 30 décembre, tuées par balles lors d’une nouvelle journée de manifestation. Ils étaient des dizaines de milliers à descendre dans les rues de Khartoum, la capitale, et des villes voisines pour dénoncer le putsch du 25 octobre et réclamer la mise en place d’un gouvernement civil de transition.
Les forces de sécurité soudanaises poursuivent leur répression tous azimuts. Mais ni les coupures d’internet et des réseaux téléphoniques locaux, ni les containers mis en place sur les ponts reliant Khartoum à sa banlieue n’ont dissuadé des milliers de Soudanais de crier leur refus d’un pouvoir militaire. Ils ont aussi exprimé leur opposition à l’accord politique qui a permis, fin octobre, au Général Abdel Fattah Al Burhane, le chef de l’armée, de rester à la tête des autorités de transition pour deux années de plus.
Plus de cinquante militants tués en deux mois
À chaque nouvel appel à descendre dans les rues, les autorités soudanaises mettent tout en œuvre pour faire taire l’opposition : perquisitions dans les médias, rafles de nuit dans les rangs des militants à la veille des manifestations et installation de caméras de surveillance sur les principaux axes de la capitale soudanaise.
Le 19 décembre dernier, jour du troisième anniversaire de la révolution qui avait permis de chasser l’ancien dictateur Omar El Béchir, l’ONU a même accusé les forces de sécurité d’avoir violé des manifestantes pour tenter de briser la contestation. En deux mois de mobilisation, 52 manifestants ont été tués et des centaines d’autres ont été blessés par balles. Pour autant, rien ne semble arrêter les contestataires. Jeudi 30 décembre, c’était la onzième fois que les Soudanais descendaient dans les rues depuis deux mois, malgré la répression.
Un pays toujours privé d'aide internationale
Le sentiment de trahison de la population à l’égard du Premier ministre civil Abdallah Hamdok est très fort. Il est accusé d’avoir favorisé le retour de l’ancien régime. Le 25 octobre 2021, plusieurs membres des autorités de transition avaient été arrêtés après avoir refusé de soutenir le putsch du Général Al Burhane, lequel avait décrété l’état d’urgence puis dissout les autorités de transition. Dans la foulée, le chef du gouvernement avait été assigné à résidence. Mais quelques semaines plus tard, Abdallah Hamdok est rétabli dans ses fonctions. En fait, il a passé un accord avec le chef de l’Armée, non sans avoir promis des élections libres et transparentes d’ici 2023. Les manifestants ont donc une rancœur tenace à son égard. Depuis, il fait planer la menace d’une possible démission.
Reste que le Soudan n’a toujours pas de gouvernement à l’heure actuelle alors que c’est la condition sine qua non pour la reprise de l’aide internationale qui est vitale pour ce pays, l’un des plus pauvres du monde.
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