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Au Chili, le président Sebastián Piñera menacé de destitution en pleine campagne

Le Chili est en pleine agitation politique. Des élections générales sont prévues dans dix jours alors que les députés viennent de voter en faveur d’une destitution du président Sebastián Piñera.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le président chilien Sebastian Pinera s'exprime lors d'une conférence de presse, le 4 octobre 2021. (JAVIER TORRES / AFP)

Il y a eu 78 votes pour, 67 votes contre et trois abstentions. Les députés, à une majorité relativement nette, ont donc donné leur feu vert, mardi 9 novembre, à la procédure de destitution contre le président en place, soupçonné de corruption dans une affaire de vente minière. Le vote est intervenu après 22 heures de débat à la Chambre. Des débats marqués par un monologue de 15 heures non stop du député de l’opposition socialiste Jaime Naranjo. Il a lu intégralement un texte de 1 500 pages appelant à "finir avec l’impunité". L’avocat de Sebastian Pinera a ensuite pris la parole pendant cinq heures pour défendre le président, en affirmant que la justice avait déjà statué sur cette affaire de corruption présumée. Pinera est âgé de 71 ans, c’est aussi l’un des hommes les plus riches du Chili, il est multimilliardaire. 

Une vente minière controversée

Le scandale a été dévoilé dans le cadre des révélations des Pandora Papers, début octobre, cette enquête internationale sur les paradis fiscaux, initié par le consortium des journalistes d’investigation, dont fait partie la cellule investigation de Radio France. Parmi les dirigeants montrés du doigt dans ces Pandora Papers, il y avait donc le nom de Sebastian Pinera. Le président chilien est soupçonné d’avoir usé de son influence pour favoriser la vente d’une compagnie minière à l’un de ses amis, l’homme d’affaires Carlos Alberto Delano.

Cette transaction, effectué dans le paradis fiscal des Iles Vierges britanniques, était conditionnée à l’abandon d’un projet de protection environnementale dans la zone d’exploitation de la mine, dans le célèbre et magnifique désert d’Atacama dans le Nord du pays. Le gouvernement de droite de Sebastian Pinera a renoncé à la mise en place de cette réserve naturelle. La vente a donc pu s’effectuer. La justice avait examiné l’affaire en 2017 et avait conclu à un non-lieu mais des zones d’ombre persistent sur les conditions de cette vente.  

Bataille en vue au Sénat

Après ce vote des députés, le dossier a été transmis à la Chambre haute, au Sénat. Pendant ce temps, Pinera reste en fonction, mais il ne peut pas quitter le pays. Le Sénat a déjà programmé le débat : ce sera le mardi 16 novembre, toute la journée. Pour que la destitution soit définitivement prononcée, il faut une majorité des deux tiers au Sénat, soit 29 votes. Le président peut espérer s’en sortir, puisque l’opposition ne dispose que de 24 sièges. En cas de destitution, Pinera se verra interdire tout mandat électif pour cinq ans.

Cela dit, il n’est pas candidat à sa réélection. Parce qu’en plus, tout ça se produit donc en pleine campagne électorale : élections générales, présidentielle, législatives, sénatoriales, prévues au Chili le 21 novembre. Et pour l’instant, pour la présidence, c’est le candidat de gauche, Gabriel Boric, qui fait la course en tête. Trente-cinq ans, ancien leader étudiant, souvent en blouson de cuir, il est crédité de 20% des intentions de vote. Drôle d’ambiance quand même pour une campagne électorale.

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