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Tout est politique. Congrès de Versailles : "On n'a rien appris. C'est un pognon de dingue pour un maigre exercice de communication"

Les invités de "Tout est politique" sont notamment revenus, lundi, sur le discours d'Emmanuel Macron devant le Congrès à Versailles.

Article rédigé par franceinfo, Jean-François Achilli
Radio France
Publié
Temps de lecture : 60 min
La députée LFI Danielle Obono sur franceinfo, le 9 juillet 2018. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Emmanuel Macron s'est exprimé devant les parlementaires au Congrès de Versailles lundi 9 juillet 2018. Lors de son discours où il a défendu "des chantiers d'une ampleur jamais vue" engagés depuis un an, le chef de l'Etat a fait une confidence aux députés et sénateurs. "Je veux vous faire une confidence. Il y a une chose que tout président de la République sait. Il sait qu'il ne peut pas tout, il sait qu'il ne réussira pas tout. Et je vous le confirme, je sais que je ne peux pas tout, je sais que je ne réussis pas tout", a dit Emmanuel Macron. Peut-on parler d'un début d'autocritique ? Les invités de "Tout est politique" ont donné leur avis, lundi, sur franceinfo.

L'extrait 

franceinfo : Jean-Baptiste Djebbari, quel est le sens de cette confidence publique ? Est-ce de la séduction ou un mea-culpa ? 

Jean-Baptiste Djebbari : C'est une forme de lucidité. C'est la lucidité d'un président qui sait qu'il a devant lui énormément de réformes à faire. Il a déjà entamé un certain nombre de réformes importantes, sur la SNCF, sur Parcoursup par exemple. Devant lui, il a un chemin qui est compliqué, avec une opposition qui est résolue et c'est un devoir effectivement d'humilité, de volontarisme et non de dirigisme comme il l'a cité.

franceinfo : Danielle Obono, vous n'étiez pas au Congrès de Versailles, vous avez boycotté la chose. Comment avez-vous vécu cette confidence publique ?

Danielle Obono : Je pense que c'est assez révélateur du laborieux exercice de style. On a enchainé les truismes, les oxymores et une confidence publique ce n'est plus vraiment une confidence. Je pense que cela révèle tout ce que représente ce grand raout qui n'a servi à rien puisqu'on n'a rien appris, il n'y avait rien de nouveau. Pour reprendre l'expression de notre président, c'est un pognon de dingue pour un maigre exercice de communication. On réunit le Congrès deux fois en un an de session parlementaire pour dire quoi ? Pour faire un discours de politique générale à la place du Premier ministre. Donc tout ça c'était bien inutile et je suis bien contente d'avoir travaillé à la réforme constitutionnelle plutôt que de passer l'après-midi à Versailles.

franceinfo : Annie Genevard, vous qui avez participé au Congrès de Versailles. Est-ce que c'était agréable ? 

Annie Genevard : Ce n'est pas le premier adjectif qui me vient à l'esprit. Je pense que sur la déclaration liminaire du président de la République, une déclaration d'humilité, même de doute. Je pense qu'il y a de la posture. Il y a de la posture parce qu'à peine avait-il prononcé ses mots qu'il les démentait en disant 'personne n'a fait avant moi ce que j'ai fait. J'ai ouvert des chantiers d'une ampleur jamais vue'. Donc cela contredit complétement ses propos liminaires d'humilité et de doute. Moi aussi j'ai des doutes sur la sincérité de cette humilité.

franceinfo : Et vous Sébastien Chenu, que retenez-vous de ce discours ? 

Sébastien Chenu : Plusieurs choses mais quand le président dit 'je ne réussis pas tout', c'est déjà bien de le reconnaitre. Au moins, il est lucide quand le chômage augmente, quand le pouvoir d'achat des Français baisse, effectivement, c'est le cas de le dire, il ne réussit pas tout. Il fait même l'inverse de ce qu'il s'était engagé à faire. Mais en revanche, il a dit des choses. Je pense que ce discours nous amène vers un régime présidentiel et puis il a acté ce nouveau clivage politique entre les partisans de la nation et les ultra-libéraux européistes. Ça il l'a acté dès le début de son discours en rappelant quels étaient ses adversaires hier, j'ai cru comprendre qu'il parlait de Marine Le Pen, et quels seront ses adversaires demain, j'ai cru comprendre qu'il parlait de nouveau de Marine Le Pen pour les élections européennes.

Les invités 

Jean-Baptiste Djebbari, député LREM de Haute-Vienne

Annie Genevard, secrétaire générale LR, vice-présidente de l'Assemblée nationale et députée du Doubs

Danielle Obono, députée La France Insoumise de Paris

Sébastien Chenu, député du Nord et porte-parole du Rassemblement national

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