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Si j'étais... François Fillon

La justice a décidé d'ouvrir une enquète sur l'emploi d'attachée parlementaire de Penelope Fillon. Karl Zéro s'est imaginé dans la peau de son mari, François Fillon.

Article rédigé par franceinfo - Karl Zéro
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
François Fillon, candidat de la droite à la présidentielle de 2017 à la Cité du vin à Bordeaux, le 25 janvier 2017. (GEORGES GOBET / AFP)

Si j’étais François Fillon, comme je ne suis pas né de la dernière pluie, je m’y serais attendu, en tant que favori de la présidentielle, aux attaques crapuleuses et infamantes. Je me demandais simplement quel axe l’opposition choisirait pour me salir, et j’aurais parié qu’ils attendraient la dernière ligne droite. C’était oublier qu’on n'est jamais aussi bien trahi que par les siens.

Je paye très cher mon petit voyage à Las Vegas en compagnie de NKM. La sulfureuse "MILF redhead" m’a soutiré ma circonscription de Paris, promise de longue date à Rachida Dati et, en retour, je suis victime de la morsure de la vipère du Haut-Atlas ! Ces quelques 500 000 euros versés à mon épouse vont me coûter 500 000 points en moins dans les sondages. Je souffre le martyr. Mais en silence. Car je sais me tenir, moi.

Tragique, dantesque, grotesque

Il en va tout autrement de ma garde rapprochée, qui est évidemment aux cent coups. Vous imaginez la panique à bord depuis les révélations du Canard enchaîné ! Les malheureux enchaînent les bourdes sur toutes les antennes. J’ai donc ordonné la tenue d’une réunion en urgence de tout mon staff de campagne. Comme toujours, j’ai été le seul à conserver mon calme olympien, imperturbable. Ça gueulait de partout, ça vitupérait, certains se sont évanouis, d’autres ont rendu leur quatre heures. Et NKM, qui en fait toujours trop, menaça de se jeter par la fenêtre, puisque c’était de sa faute.

Personne ne la retenant, elle se ravisa. Après une distribution générale de Xanax, et des intraveineuses de pastis pur, j’ai écouté les éléments de langage de contre-offensive qu’ils avaient à me proposer. Ce fut un moment tragique, oscillant entre le dantesque et le grotesque, comme on n'en vit qu’une fois dans sa vie.

Union fictive

Gérald Darmanin et Eric Ciotti de la bien nommée "cellule riposte" restant prostrés, aphasiques, Patrick Stefanini eut l’audace de proposer que j’offre de rembourser les 500 000 euros en vendant notre propriété familiale de Solesmes. Bruno Retailleau voulut que j’annonce mon divorce immédiat d’avec Pénélope, au motif qu’elle aurait tapé dans la caisse à mon insu.

Devant ma peine, Thierry Solère proposa de nuancer en arguant que Penelope, ce n’était pas vraiment ma femme, puisque notre union était fictive. Qu’en réalité, il s’agissait d’un mariage arrangé pour permettre à mon épouse galloise d’obtenir la nationalité française.

Jérôme Chartier les rappela à la raison et affirma que si nous nous y mettions tous, tout de suite, en fonçant chez Copy-Top faire chauffer les photocopieuses, on pourrait au matin fournir les dizaines de milliers de notes que Penelope avait rédigées pour moi pendant ces huit ans. Mais le plus proche Copy-Top étant situé rue de Solférino, nous renonçâmes.

Nous tentâmes alors de joindre Valérie Boyer, désormais affectée au département "faits, chiffres et arguments", mais il s’avéra qu’elle n’en avait aucun, d’argument, et que ses chiffres, c’était les mêmes que ceux du Canard.

Les grandes douleurs sont muettes

Jean-François Copé évoqua alors l’idée que je renonce à la présidentielle et prenne en marche le train de qui vous savez. Nous mîmes cela sur le compte de son humour à froid, Bruno Lemaire lui mit une claque et dit qu’après tout, moi aussi j’avais exercé un emploi fictif durant cinq ans à Matignon, vu que Sarko voulait tout faire.

Nous en étions-là, c’est à dire nulle part, lorsque Michèle Alliot-Marie eu la bonne idée de faire sonner mon portable. Elle souhaitait simplement me souhaiter ses bons vœux, en retard donc, et me dire qu’elle était tout a fait prête à me remplacer comme tête de liste Les Républicains, en avance donc.

Là, je me suis levé, et j’ai dit : "Taisez-vous ! Je vais vous dire ce que je vais dire." Et j’ai dit : "Je ne ferai pas de commentaire, car il n’y a rien à commenter." Tout le monde s’est accordé pour dire que toutes les grandes douleurs étant muettes, se taire était la meilleure chose à faire, et c’est donc à cette ligne que nous nous tiendrons.

Ensuite, nous avons regardé la télé. Pas le débat Hamon-Valls, non, un film de Cousteau : Le Monde du silence.

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