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Réparties de campagne. Un événement de l’entre-deux tours de la campagne pour l'élection présidentielle en décembre 1965

Cet été, Cyril Lacarrière revient sur des moments forts des campagnes présidentielles dans les médias. Aujourd’hui il remonte loin dans le temps, nous sommes en 1965, c’est la deuxième élection de la Ve République. 

Article rédigé par franceinfo - Cyril Lacarrière
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le 13 décembre 1965, le général de Gaulle répond aux questions du journaliste Michel Droit devant les caméras de l'ORTF dans le cadre de la campagne avant le second tour de l'élection présidentielle, l'opposant à François Mitterrand.  (STF / AFP)

Avec "Réparties de campagne", franceinfo vous raconte un événement de l’entre-deux tours de la campagne pour l'élection présidentielle en décembre 1965, un événement qui oppose, à la surprise générale, le général de Gaulle à François Mitterrand.

Nous sommes le 13 décembre 1965, l’instant est solennel

Deux panneaux noirs font office de générique. Ils annoncent à l’écran : "Campagne pour l’élection du président de la République : le général de Gaulle"  

"Mon général, c'est la première fois que vous acceptez de répondre sur l'écran de la télévision aux questions des journalistes..." Ainsi s'exprime le journaliste Michel Droit, aujourd'hui décédé, qui a eu l’honneur d’être le tout premier à interviewer le général de Gaulle, à la télévision. 

Jean-Marie Cavada, lui-même ancien journaliste, également à l’origine de la chaîne qui deviendra France 5, a accepté de revenir sur ce moment particulier de la campagne de 1965. Il présente Michel Droit et pourquoi il s’est retrouvé ce jour-là, face à De Gaulle. 

Michel Droit était un résistant, Michel Droit était un gaulliste historique et Michel Droit avait une certaine allure. C'est un beau jeune homme. Un parfait profil d'une page de publicité pour le parfum, le savon. Il est lisse, il est très lisse, mais en même temps, il a une voix, un timbre, et surtout, c'est un homme cultivé, donc il place l'interview tout de suite sur le plan historique.

Jean-Marie Cavada

Un gaulliste pour interroger De Gaulle, il fallait au moins ça pour convaincre le général de se plier à l’exercice.

"Le général de Gaulle, héros de la Résistance,  précise Jean-Marie Cavada, descend dans l'arène du combat politique, malgré sa stature, malgré son fauteuil presque impérial, malgré le rideau de Néron derrière, on voit qu'il ne répugnait pas à descendre dans le combat. C'est un événement politique, c'est une page d'histoire et on le sent tout de suite de par la stature de De Gaulle. De par son vocabulaire à la fois de qualité historique et en même temps de pédagogue, je dirais de classe de cinquième.

Notamment, il y a un numéro sur le marché commun dans lequel il dit cette chose : 'Les agriculteurs français doivent rentrer dans le marché commun parce qu'ils produisent de la viande, que l'on mange. Ils produisent du lait que l'on boit', et donc on est là quand même, vraiment, dans la politique ordinaire que cet homme prend, je dirais, à bras-le-corps." 

Un événement politique qui se transforme en événement médiatique

Le général de Gaulle va donc s’employer à convaincre les Français tout au long de cette heure d’entretien, surjouant parfois sa posture, comme lorsque Michel Droit lui demande s’il se sent européen. 

Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant l'Europe, l'Europe, l'Europe, mais cela n'aboutit à rien et cela ne signifie rien.

Le général de Gaulle

Une séquence étonnante que décrypte Jean-Marie Cavada : "De Gaulle était un pince-sans-rire. Il était capable de balancer les pires plaisanteries sans que son masque bouge d'une seule ride. Et puis, il aimait figurer, représenter théâtralement l'idée qu'il voulait faire passer..."

Alors faut-il y voir un "effet cabri" ? Toujours est-il que 5 jours plus tard, le général de Gaulle remportera cette élection. Il devancera finalement François Mitterrand d’un peu plus de 2 millions et demi de voix.

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