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Le chien dans la société : "Avoir un animal, c'est important dans le rapport à ce qui est le vivant, ce qui est naturel, c'est apaisant", souligne Jean Viard

La première édition de la Semaine nationale du chien débute ce dimanche 1er octobre. Jusqu'au 8 octobre, les organisateurs créent des événements partout en France, et entendent souligner le rôle bénéfique de cet animal dans la société. Le décryptage du sociologue Jean Viard.
Article rédigé par franceinfo, Jules de Kiss
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Première édition nationale de la Semaine du chien en France, jusqu'au 8 octobre. (JULES DE KISS / RADIO FRANCE / FRANCEINFO)

C'est donc la première édition de la Semaine nationale du chien, à partir d'aujourd'hui et jusqu'au 8 octobre dans plusieurs villes de France. Des événements sont organisés un peu partout, l'idée est de souligner le rôle bénéfique du chien dans la société et de faire de la pédagogie auprès des futurs adoptants. Pourquoi est-ce que c'est intéressant ?

franceinfo : Ce n'est pas anecdotique, Jean Viard, de parler sur franceinfo avec vous, de ce rapport entre les Français et les chiens ?

Jean Viard : Moi, je crois que le rapport avec les animaux, de manière assez générale, est un rapport extrêmement important, parce que d'abord nous sommes un animal parmi les autres. Il y a un enjeu majeur aussi, parce qu'on a exclu l'animal de la ville. Pendant longtemps, en ville, on se déplaçait avec des chevaux. Donc il y avait des animaux dans la ville.

Et puis le XXᵉ siècle, surtout après la guerre de 14, a fait disparaître l'animal de la ville, et même l'animal domestique, en France, il y en a beaucoup des animaux domestiques, il y a à peu près 7 millions et demi de chiens, et 13 millions de chats – il y a plus de chats, ce qui est d'ailleurs mauvais pour les oiseaux – c'est énorme. Alors les Russes en ont un peu plus que nous, donc il y a d'autres pays qui sont très portés sur l'animal domestique, et maintenant on en met à des endroits comme, par exemple, dans les tribunaux où il y a des chiens qui sont formés, quand on témoigne, par exemple, on tient un chien, un golden retriever souvent, ce genre de chien très calme parce que ça apaise, ça enlève le stress.

Et je pense que pour l'homme, le rapport avec l'animal, il est extrêmement positif, d'abord parce qu'on communique, parce qu'il vous accueille, parce qu'on peut lui parler. On peut lui dire ce qu'on veut, il ne répond pas, il vous regarde avec ses grands yeux gentils, donc effectivement, on a l'impression, pour une fois, d'être compris. Je pense que c'est profondément apaisant. Et avoir des animaux, c'est extrêmement important, justement dans le rapport à ce qui est le vivant, ce qui est naturel, de le voir vivre, de le voir mourir, de le voir être malade. Il y a tous ces éléments qui me semblent importants.

Une étude CSA, réalisée l'an dernier par la Centrale Canine, dit que 84% des Français aiment les chiens, 33% des Français en ont au moins un. Et puis 40% des Français aimeraient que les chiens soient davantage acceptés sur les lieux de travail ?

Oui, j'ai vu ces chiffres. Le chien est aussi un compagnon. Il faut toujours penser aux 19 millions de Français qui vivent seuls, pour qui souvent le chien est le seul vrai compagnon. Et puis, il y a plein de chiens de travail : le chien de chasse par exemple, qui a un traitement très particulier, le chien des pompiers, le chien des policiers, tout ce qui relève de la sécurité. Là, il y a une utilisation du chien comme animal. Il y a même beaucoup de gens à la campagne qui ont un chien parce qu'un chien, ça sert de sonnette à la campagne. Souvent les paysans, ils en ont un tout petit, qui aboie, et un gros, qui a l'air méchant. Un qui annonce que vous arrivez, et l'autre qui est chargé de dire : attention, je suis là...

80 % des gens qui ont une maison avec jardin, ont un animal, et surtout un chien. En fait, l'animal et le jardin, le pavillon, c'est presque un kit, parce qu'en ville, il y a beaucoup moins de chiens qu'il y a 30 ans ou 20 ans. Rappelez-vous une époque, les trottoirs, c'était extrêmement dangereux. On a fait des politiques très strictes, il y a beaucoup moins de chiens pour les gens qui habitent dans les villes. Par contre, c'est devenu un élément de la vie périurbaine.

On se rappelle des fameuses moto-crottes qui ont quand même assez vite disparu. Mais ça reste un sujet politique. Robert Ménard, le maire de Béziers, a mis en place cet été, un passeport génétique obligatoire pour les chiens de sa ville, afin de retrouver, et de sanctionner bien sûr, les maîtres qui ne ramassent pas les besoins de leur animal dans les rues, et ceux qui les abandonnent aussi. Donc, le politique doit investir ce champ là aussi parfois ? 

Bon, je rappellerai simplement qu'abandonner son chien, c'est 3 ans de prison et 45 000 euros d'amende, c'est un délit. Le chien est protégé, le chat aussi. Quand on le prend, c'est une responsabilité vis à vis d'un être vivant, et donc on ne peut pas l'abandonner. Mais je pense qu'il faut surtout se dire que ça apaise, ça crée du lien. Quand vous vous promenez avec un chien, les gens vous parlent. Quand vous vous promenez tout seul, on vous parle beaucoup moins, parce que le chien permet le lien, et ça crée une forme de lien qui permet de se parler sans se connaître. Il a aussi cette fonction relationnelle et je pense que dans nos sociétés, c'est très important, tout ce qui peut favoriser la relation.

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