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Profession : reporter. Ne pas oublier Olivier Dubois, enlevé au Mali le 8 avril dernier

Olivier Dubois a disparu à le 8 avril dernier à Gao. Installé au Mali depuis six ans, le reporter qui travaille en free-lance pour "Libération" et le "Point Afrique" avait rejoint le nord du pays. Il projetait d'interviewer Abdallah Ag Albakaye, un des cadres du Groupe de soutien de l’islam et des musulmans (GSIM), branche locale d’Al-Qaida. 

Article rédigé par franceinfo - Eric Valmir
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Capture d'écran du 5 mai 2021 issue d'un vidéo de propagande circulant sur les réseaux sociaux montrant le journaliste français Olivier Dubois, kidnappé un mois plus tôt au Mali, par un groupe djihadiste lié à Al Qaeda.  (AFP / SOCIAL MEDIA)

Olivier Dubois arrive à Gao, par avion, le 8 avril. Une ville dans laquelle Sophie Pétronin avait elle-même été enlevée en 2016. Le journaliste français y avait réservé une chambre dans un hôtel. Ni l’armée française, qui dispose à Gao d’une base destinée à "Barkhane", ni les casques bleus de la mission des Nations Unies pour la stabilisation du Mali, n'avaient été sollicités pour préserver sa sécurité. 

C'est par une courte vidéo de vingt secondes diffusée début mai sur les réseaux sociaux que la thèse de son enlèvement a été confirmée. En France, ses confrères se mobilisent. Olivier Dubois dispose d'un solide carnet d'adresses dans les cercles armés. Le mois précédent, il avait interrogé Youssouf Toloba, le chef de la milice d’autodéfense dogon du nom de Dan Na Ambassagou. 

Des éléments factuels, il ressort qu'Olivier Dubois n'aurait passé que quelques heures dans sa chambre. Il y aurait laissé son passeport, son sac... et son téléphone. Certainement pour ne pas être géolocalisé et rassurer les intermédiaires qui travaillaient au projet de la rencontre.

Le reporter n'a jamais regagné son hôtel

Après la diffusion de la vidéo qui confirme son enlèvement, Reporters sans Frontières s'organise. La mobilisation donne naissance à un comité de soutien qui réunit des journalistes, des humanitaires, des anciens otages, des amis, la famille.

Le journaliste français Olivier Dubois photographié en reportage à Nioro au Mali, le 14 septembre 2020.  (MICHELE CATTANI / AFP)

Soutenir et coordonner

Arnaud Froger qui dirige le pôle Afrique de RSF confie que la première des missions du comité de soutien est de coordonner toutes les volontés civiles et celles du métier qui aimeraient s'engager pour la libération d'Olivier. Le deuxième point de vigilance est de jamais interférer avec les canaux traditionnels de négociation pour ne pas compromettre la sécurité de l'otage.

Enfin soutien, du verbe soutenir, n'est pas qu'un symbole. Les geôliers de Florence Aubenas lui disaient pendant sa détention en Irak que personne ne pensait à elle en France et qu'elle finirait seule dans son puits. Pour le moral, entendre des messages est vital.

La radio joue un rôle majeur

Les collaborateurs français d'Areva et Vinci qui avaient été enlevés par Al Qaeda au Niger rapportaient que leurs ravisseurs écoutaient tout le temps la radio et que du transistor s'échappaient des voix familières qui demandaient leur libération. 

C'est un fil sensible qu'opère un comité de soutien avec une projection dans un temps long. "Fédérer les énergies qui conduisent à la libération d'un otage, c'est une course de fond, pas un sprint" reconnaît Arnaud Froger. On a bien intégré que la ligne d'arrivée est loin et que les tractations seront longues. 

Impatients de le revoir, amis et familles doivent gérer le stress de l'attente. 

On est tous pressés de te revoir Olivier. Et en attendant on pense à toi.

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