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Planète Sport. Au Brésil, le monde du ju-jitsu se déchire autour de Bolsonaro

Le ju-jitsu brésilien, dérivé de la version japonaise, est tenu par une puissante famille brésilienne depuis plusieurs générations. Une famille unie jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro.

Article rédigé par Elise Delève
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Jair Bolsonaro recevant un tee-shirt de Robson Gracie (droite), fils du fondateur de "Gracie Jiu-Jitsu".  (CARL DE SOUZA / AFP)

Planète Sport, le rendez-vous de l’été qui explore les sujets à la lisière entre le sport et la politique, nous emmène aujourd'hui au Brésil. La société se divise autour du président d’extrême-droite, Jair Bolsonaro. Certains sports aussi, comme leju-jitsu brésilien. Cette discipline a été inventée et est gérée depuis des décennies par une grande famille du pays. Ses membres, unis dans le sport, se déchirent politiquement.

Sur ces images en noir et blanc datant de 1951, un homme frêle combat un géant du judo. Helio Gracie pratique pour la première fois à la télévision le jiu jitsu brésilien, dérivé du jiu jitsu japonais. Surprenant les 20 000 spectateurs dans la salle, il parvient à l'emporter. Une victoire grâce à ce nouveau sport, inventé par lui et son frère Carlos.

Ses fameux combats sont encore racontés par son petit-fils sur Internet aujourd’hui. "C’était incroyable, parce que son but était de se confronter aux autres arts martiaux pour prouver l’efficacité de ses nouvelles techniques. Il se disait que si lui, étant petit et fragile, pouvait battre des géants, les gens qui le verraient voudraient apprendre la self défense. Si lui peut, eux aussi."

Helio révolutionne les arts martiaux et la famille Gracie fonde un empire : Gracie Academy, Gracie Magazine... Leurs techniques sont même enseignées à l’armée américaine. Actuellement, le ju-jitsu brésilien compte dans le pays autant d’adeptes de la Capoiera, sport emblématique du Brésil.

Quand la politique divise le clan

Aujourd’hui, la troisième génération poursuit la dynastie. Mais si le sport unit, la politique divise. Et depuis l’élection du président Bolsonaro, les fils du fondateur se déchirent en public. Lors de la campagne présidentielle, une partie de la famille se met en scène en offrant un kimono au président d’extrême-droite. Le reste du clan, indigné, estime que c’est un manque de respect. Jair Bolsonaro, lui, en profite, jouant sur les valeurs duju-jitsu, selon Carole Gomez, chercheuse à l’Iris, Institut de relations internationales et stratégiques, spécialiste de la géopolitique du sport. "Pour certains, il y a vraiment l’expression de valeurs nationales, voire nationalistes par le biais de ce sport."

Le ju-jitsu donne une image d’homme d’action qui n’hésite pas à mettre les mains dans le cambouis, une image que certains qualifient même de machiste, de virile.

Carole Gomez

à franceinfo

Cela s’inscrit parfaitement dans la politique que Bolsonaro mène au Brésil, conclut la chercheuse. D’autres chefs d’État mettent en avant les arts martiaux, comme Vladimir Poutine et le judo. Il manquait à la famille Gracie un film pour parfaire l’image d’une vrai dynastie. Un long-métrage est en tournage pour Netflix, réalisé par le brésilien José Padiha, connu pour la série Narcos. Sortie prévue l’année prochaine.

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