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On s'y emploie. La vague des néo-artisans

"On s'y emploie", c'est tous les dimanches un gros plan sur le monde du travail, avec une personnalité qui l'éclaire. 

Article rédigé par franceinfo, Philippe Duport
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
De nombreux diplômés quittent leur job pour se mettre à leur compte et réaliser leur rêve. 
 (HERO IMAGES / GETTY IMAGES)

Aujourd'hui on se penche sur les néo-artisans, cette nouvelle génération de jeunes et moins jeunes qui quittent leur métier pour mettre la main à la pâte.

"La révolte des premiers de la classe"

Olivier Cohen de Timary est  le rédacteur en chef de la revue Socialter qui propose dans son numéro d'avril-mai un dossier sur "La révolte des premiers de la classe" qui se font boulanger, boucher, bijoutier, fromager ou épicier bio. Dressez-nous le portrait de ces néo-artisans, quel est leur parcours ? Qu'ont-ils en commun ?

O.C.T. : on observe depuis plusieurs années des reconversions qui font la une des magazines, ça ce n'est pas nouveau, mais ce que montre une étude que nous avons pu nous procurer, une étude de deux ans qui va sortir en mai prochain, c'est qu'on a des gens de plus en plus jeunes qui sont en reconversion après des parcours très courts en entreprise, de plus en plus des diplômés de l'enseignement supérieur, qui rejettent une certaine forme d'abstraction, avec de plus en plus de process dans les grandes boites, de plus en plus de barrières, et donc ces jeunes qui se reconvertissent en boulanger, en boucher, en torréfacteur, en caviste, rejettent ce que l'on appelle des "métiers à la con", comme l'a théorisé l'anthropologue David Graeber, les "bullshit jobs". Ils adhèrent aussi à une nouvelle façon de faire, ouvrir une boutique, avec des bons produits, des circuits courts, etc.

Vous insistez sur le fait que ce sont "des grosses têtes"...

O.C.T. : oui ce sont des premiers de la classe, comme le dit le titre du livre de Jean-Laurent Cassely qui va sortir en mai, des gens pour qui la voie était toute tracée, dans l'entreprise, avec des carrières à l'international, pour faire des meetings, des reportings, des "confcalls" avec des boss en tout genre...
Ce qui est étonnant c'est ce retour très rapide à des métiers concrets où je sais très rapidement voir le résultat de mes actions. J'ai un contact direct avec les clients, avec les fournisseurs, ce que je n'ai plus dans l'entreprise.

Est-ce que c'est un phénomène uniquement urbain ?

O.C.T. : ça a démarré avec la rue des Martyrs à Paris, mais c'est dans toutes les grandes villes, les grandes capitales. La Mecque, c'est Brooklyn, où vous avez tout un tas de micro-brasseurs, de néo-bouchers, ce que certains appellent même le "capitalisme hipster". Il y a un retour au local et au bon produit, mais ce ne sont pas forcément des concurrents pour les artisans classiques et traditionnels : ils touchent une population de jeunes travailleurs aisés qui eux aussi recherchent plus d'authenticité et sont touchés par ce nouveau marketing. 

Ce sont des as du storytelling...

O.C.T. : oui, et quand ils ont ouvert une première boutique, s'ils peuvent en ouvrir une deuxième, une troisième, créer une franchise, ils n'hésitent pas à sauter le pas. Mais leur première intention, c'est d'ouvrir une boutique et ils préfèrent se lever à trois heures du matin pour aller à Rungis plutôt que de préparer une présentation PowerPoint.

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