Le bâtiment risque de manquer d'experts
Le bâtiment détruit des emplois. De 40 à 50.000 emplois devraient être supprimés cette année. Une tendance qui est la même depuis la crise de 2008. Et en même temps, vous l'avez dit, on craint une pénurie de jeunes suffisamment bien formés aux nouveaux métiers du bâtiment, ou plus exactement qui n'auraient pas les nouvelles compétences, les nouveaux savoir-faire techniques et plus seulement manuels, qui sont désormais indispensables pour construire les immeubles d'aujourd'hui et de demain.
La construction et la rénovation sont en train de faire leur révolution. Il faut moins polluer, réduire les déchets, consommer moins d'énergie.
Un exemple : en 2020 - c'est dans cinq ans seulement ! - tous les nouveaux bâtiments devront fonctionner en énergie positive, c'est à dire qu'ils devront produire plus d'énergie qu'ils n'en consommeront. Le souci de performance énergétique change complètement la façon de construire, et les tâches des techniciens du bâtiment en deviennent bien plus complexes.
Autre énorme changement, tout devient numérique. Toute construction fera bientôt l'objet d'une maquette numérique en 3D à laquelle tous les corps de métiers vont se référer. Concevoir et suivre ces maquettes, voilà par exemple un nouveau métier du bâtiment, complètement inconnu jusqu'alors. Et puis pour participer au chantier, tous les techniciens vont devoir apprendre à se servir de ces maquettes. Il va falloir ajouter un volet numérique aux compétences de base.
Sans compter que la domotique, les bâtiments intelligents, sont aussi en plein montée en puissance. Travailler sur un chantier va demander, demande déjà, des compétences dont on n'avait pas idée il y a encore quelques années...
Et le risque, c'est de ne pas former assez de jeunes à ces nouvelles compétences.... La profession s'inquiète. Les centres de formation disent qu'il faudrait avoir plus de jeunes. Des jeunes qui se détournent du bâtiment, notamment parce qu'ils savent que la conjoncture est mauvaise.
Les entreprises, elles, embauchent peu, mais quand la crise sera passée, et elle va passer, elles chercheront à embaucher "mieux", c'est à dire à plus haut niveau de qualification. On risque alors de connaître un paradoxe que l'on connait déjà dans d'autres secteurs économiques : des entreprises qui n'arrivent pas à embaucher faute de candidats bien formés.
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