Vos photos et publications vont entraîner l’IA de Meta, par défaut

La maison-mère de Facebook et Instagram, Meta, met le turbo sur l’IA en s’appuyant sur les informations publiées par ses utilisateurs. L’entreprise de Mark Zuckerberg vous a d’ailleurs peut-être déjà envoyé un message pour vous prévenir. Ce mail qui concerne l’Union européenne et le Royaume-Uni, propose aussi de s’opposer à l’utilisation de ses données mais, concrètement, c’est loin d’être aussi simple qu’un clic.
Article rédigé par Benjamin Vincent
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La page d'accueil du site américain de Meta AI (META)

C’est un message dont la diffusion a commencé le 22 mai dernier. Les utilisateurs d’Instagram l’ont apparemment reçu en premier. En ce qui me concerne, le mail de Facebook est arrivé dans la nuit de jeudi à vendredi et Meta y écrit ceci :

"Nous nous appuierons désormais sur la base légale de nos intérêts légitimes, afin d’utiliser vos informations pour développer et améliorer l’IA de Meta. Cela signifie que vous avez le droit de vous opposer à l’utilisation de vos informations à ces fins. Si votre opposition est validée, elle s’appliquera dorénavant." Meta considère donc par défaut que, sauf opposition, nous donnons notre accord. Première surprise.

Faire "valider son opposition" par Meta

Si on ne souhaite pas que ses données servent à entraîner – comme on dit l’IA de Meta – il faut donc faire "valider son opposition" et, vous l’avez compris, Meta se réserve le droit de ne pas entériner votre demande – deuxième surprise – ce qui soulève plusieurs questions par rapport à la réglementation européenne, à savoir le RGPD (Règlement général sur la protection des données, instauré en 2018) et le tout nouveau Digital Services Act.

Le mail propose quand même un lien, afin de s’opposer à l’utilisation de ses données pour nourrir l’IA de Meta, mais premier souci : dans mon cas, je tombe sur une page qui m’indique que le formulaire d’opposition… n’est pas disponible.

Si vous avez plus de chance, vous aurez accès à une page qui vous demandera : votre pays de résidence, votre adresse mail et “l’incidence de ce traitement sur vous“. Autrement dit, vous devez motiver votre demande ! La mention RGPD ou le site de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (cnil.fr) devraient suffire comme justification, avant d’envoyer la requête dont Meta précise qu’elle sera étudiée et pas forcément honorée. Étonnant de la part du groupe qui est déjà visé par plusieurs enquêtes de la commission européenne depuis l’entrée en vigueur du DSA.

Entrée en vigueur le 26 juin 2024

Le délai pour s’opposer à cette utilisation de nos données n’est pas limité dans l’absolu. En revanche, le mail mentionne le 26 juin 2024 comme date d’entrée en vigueur de la nouvelle politique de confidentialité de Meta. Il reste donc trois semaines, en Europe, avant que le groupe ne commence à se servir dans vos informations (photos, publications publiques, échanges avec l’IA de Meta, à l’exception des messages privés).

En revanche, aux Etats-Unis où l’équivalent du DSA et du RGPD n’existe pas, et où les utilisateurs n’ont pas reçu de mail comparable à celui envoyé en Europe, la moisson a sans doute déjà démarré, puisque les fonctions d’IA qui arrivent en Europe, y sont disponibles depuis le mois de septembre. 

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