Micro européen. La question ukrainienne entre ombre et lumière…
Vers l’aboutissement d’un processus de paix dans le conflit du Donbass ? Et la question de l'autonomie future des régions rebelles ? Un autre regard sur l'Europe avec l'éclairage de la journaliste Ana Chesanovska, invitée de "Micro européen".
Le 6 octobre dernier, 10.000 personnes manifestaient à Kiev, sur la place Maïdan, protestant contre une autonomie des territoires séparatistes pro-russes. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, était la cible de cette manifestation, puisqu’il est disposé à accorder la dite autonomie. Pour ces Ukrainiens, il s’agit d’une capitulation, et elle est inacceptable. Il faut dire que le processus de paix dans ce pays est au point mort. Malgré tout, et depuis 2014, les forces ukrainiennes et les forces pro-russes s’affrontent, présentant un lourd bilan de 13.000 morts.
Le président des espérances
Élu en avril dernier, Volodymyr Zelensky était un acteur et un comique célèbre, mais pas un homme politique. Les Ukrainiens l’ont choisi comme président, et c’est un long chemin pour lui de s’initier aux arcanes de la gouvernance de son pays. On parle pourtant, grâce à lui, d’une reprise du dialogue avec Moscou, d’échange de prisonniers comme en septembre dernier.
Et bien que le conflit, depuis les accords de Minsk II en 2015, soit quelque peu déclinant, mardi dernier, l’Ukraine et les séparatistes pro-russes ont annoncé le début du retrait de leurs troupes dans l’est du pays. Pour les Ukrainiens pro-occidentaux, il s’agit bien d’une marque de capitulation. Mais ce retrait est une des conditions posées par la Russie pour la mise en place d’un sommet à Paris.
Ce sommet est dit de "Format Normandie", soit une configuration diplomatique à quatre pays qui a été adoptée pendant la guerre du Donbass, ainsi, le "Format Normandie" rassemble l’Ukraine et la Russie, les deux belligérants, la France et l’Allemagne.
De fait, ce retrait est un premier pas, retrait confirmé par l’OSCE, l’Organisation de Sécurité et de Coopération en Europe. Pourtant, ce retrait inquiète une nouvelle fois les Ukrainiens. Autant la Russie, les Européens et les États-Unis poussent le président ukrainien à trouver un accord avec Moscou et faire cesser les combats définitivement, autant le président ukrainien voit monter une opposition pro-occidentale craignant que les compromis avec Moscou se fassent au détriment de Kiev.
Moscou attend
Pour la Russie, les pourparlers de paix sont en bonne voie depuis le 1er octobre dernier, le "Format Normandie" n’est pas loin et la "Formule Steinmeier" du plan de 2016 à Minsk, entre les négociateurs ukrainiens et les séparatistes, qui prévoit d’appliquer un statut spécial provisoire aux régions de Donetsk et de Louhansk et l’organisation d’élections locales. Mais comme l'a rappelé notre invitée, la journaliste Ana Chesanovska, "des élections pour quoi ?..."
Pour le président ukrainien, "la paix", qu’il avait mise en avant durant sa campagne électorale, doit se réaliser afin de ne pas déroger à sa promesse. Mais bien évidemment, la tenue d’élections ne peut se faire sans le retrait des forces russes. Alors, le temps est-il venu pour la France et l’Allemagne de mettre en place ce sommet "Format Normandie" ?... Peut-être, mais pour le président ukrainien, il est évident que même un accord de paix ne pourrait éloigner la Russie de la zone de sécurité ukrainienne, donc qu’il est important de tisser des liens avec Vladimir Poutine..
Convaincre avant tout
Pour Volodymyr Zelensky, l’appui des Européens, des Américains et l’accord des Russes est une grande étape vers le processus de paix. Mais il lui reste à convaincre son peuple, où sévissent diverses oppositions, des pro-occidentaux aux nationalistes, qui ne veulent pas perdre la face à l’international.
Cette fois-ci, et ce n’est peut-être pas la dernière, Volodymyr Zelensky ne peut plus "improviser" comme sur scène, seulement les "souffleurs" ont disparu…
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