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Micro européen. Glyphosate : la surprise du vote allemand

C'est une décision personnelle du ministre allemand de l'Agriculture qui a fait basculer le vote en faveur d'une nouvelle autorisation pour cinq ans de l'herbicide actuellement contesté par des Européens.

Article rédigé par franceinfo, Marie-Christine Vallet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Les Etats membres de l'Union européenne (UE) ont accepté, lundi 27 novembre, d'autoriser pour cinq ans supplémentaires le glyphosate lors d'un comité d'appel. (YVES HERMAN / REUTERS)

Pour prolonger ou non l'autorisation du glyphosate dans l'Union européenne, il fallait un vote des 28 pays à la majorité qualifiée. Au printemps, puis le 9 novembre dernier, plusieurs réunions du Comité des Experts de l'UE n'avaient pas débouché. Il n'y avait pas eu de majorité et l'Allemagne s'était abstenue. Rappelons que depuis le traité de Lisbonne, une décision est adoptée si elle est votée par 16 pays (soit 55% des états membres) représentant 65% de la population. Précisions et commentaires de Danièle Renon, chargée de la presse allemande à Courrier international et d'Ana Navarro Pedro, correspondante du journal portugais Visao.

L'Allemagne s'était pourtant abstenue avant de faire basculer le vote

Lundi dernier, l'Allemagne a soutenu la proposition de la Commission européenne qui était de renouveler l'autorisation de l'herbicide pour 5 ans. C'était inattendu, mais Danièle Renon explique que dès "le mois d'avril-mai, le ministre Christian Schmidt (CSU) y était favorable." Mme Merkel (CDU) l'était également, mais le SPD, leur allié au gouvernement ne l'était pas, c'est pourquoi la position adoptée était celle de l'abstention.

Le 27 novembre, M. Schmidt n'a pas respecté cette abstention. La gauche du SPD et les Verts sont mécontents de ce vote et si les sociaux-démocrates entraient dans le nouveau gouvernement, actuellement négocié avec la CDU de Mme Merkel, "tout sera fait pour faire reculer ce délai de prolongation."

Penser à l'agriculture du futur

En Allemagne, des journaux pensent que c'est le moment de réfléchir à l'agriculture du futur, ce qui n'est pas le cas au Portugal. Aucune réflexion n'est engagée sur l'environnement dans un pays qui "consomme 1 600 tonnes de glyphosate par an", souligne Ana Navarro Pedro, "une des plus grosses consommations en Europe", en proportion du pays.

Emmanuel Macron fera-t-il interdire le glyphosate en France d'ici à trois ans ? Cela sera-t-il possible dans d'autres pays ? Même si le SPD allemand est volontariste sur le sujet, la société Monsanto, rachetée en ce moment par Bayer, lancera sûrement une opération de lobbying pour éviter l'interdiction à trois ans.

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