Ma vie d'après. La chaîne de valeur pharmaceutique
Ces petits riens, ces petits touts, la preuve que rien ne sera plus comme avant, que le "monde d'après" est déjà là. Mercredi, Neila est une chaîne de fabrication de médicaments.
Je suis votre nouvelle voisine. La chaîne de valeur pharmaceutique. Je compte des dizaines d’acteurs, du chercheur en charge d’élaborer de nouvelles molécules, jusqu’au pharmacien qui vend les médicaments. Cette chaîne de valeurs est éclatée entre plusieurs pays pour certains antidouleurs, comme le paracétamol par exemple. Mais ça, c’était avant le 16 juin et cette annonce d’Emmanuel Macron : "Nous lancerons une initiative de relocalisation de certaines productions. Nous investirons dans ces initiatives de relocalisations. Nous prendrons des engagements. On pourra par exemple pleinement reproduire, conditionner et distribuer du paracétamol en France."
La dernière usine fabriquant le principe actif du paracétamol a été fermée en 2008. Il faudra du temps pour reconstruire une industrie, prévient le sénateur Jean-Pierre Decool, rédacteur d’un rapport sur le sujet. Au-delà de cette molécule, plusieurs autres médicaments, stratégiques, critiques, se sont trouvés en situation d’indisponibilité sur le marché français. Pour être précise, 1 450 cas d’indisponibilités en 2019, alors même que la France compte 250 laboratoires pharmaceutiques. Un paradoxe ? Pas tellement. Depuis une vingtaine d’années, 60% des principes actifs consommés dans le monde sont produits par la Chine et l’Inde, dont nous sommes donc très fortement dépendants. Nous, la France, nous l’Europe aussi. Fin mars, neuf grands hôpitaux européens ont lancé un appel à l'aide face à une pénurie pour soigner les patients atteints du Covid-19, notamment pour un anesthésique. Depuis, une consultation publique sur la stratégie pharmaceutique européenne a été lancée par la Commission, consultation en ligne, qui dure jusqu’à septembre. De vos réponses sera donc tiré un plan présenté à la fin de l’année…
Les professionnels ont déjà quelques idées
Comme Pierre Luzeau, président de Seqens, deuxième producteur européen de principes actifs : "Il est nécessaire de diminuer le temps de développement donc de mise sur le marché du principe actif. Et ensuite que l'impact environnemental soit fortement amélioré par rapport aux procédés actuels qui sont utilisés en Asie." Et pour y parvenir, Seqens et ses 15 sites de production en France misent sur une technologie dite de chimie en flux : "Ça consiste à réaliser des réactions dans des micro canaux avec une meilleure maîtrise du mélange réactionnel des températures, de la pression. On arrive grâce à ce procédé des réductions de consommation de solvants de 30%, parfois jusqu'à 40%." Une technique moins polluante, moins énergivore. Là est la clé d’une relocalisation réussie de l’industrie pharmaceutique.
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