"Breaking Bad", le sacre de l'homme blanc aux Emmy Awards
Walter White est l'homme blanc moderne. Celui de ce début de XXIe siècle, celui qui se sent menacé dans la domination qu'il exerce depuis si longtemps qu'il ne sait plus au juste si un jour il n'en n'a pas été ainsi. Breaking Bad se termine dimanche prochain après cinq saisons et 62 épisodes.
La série de Vince Gilligan a souvent pris des allures de western contemporain, de polar néo-classique et de drame pessimiste. Mais elle a surtout été un récit de la peur qui hante la classe moyenne américaine, menacée dans son style de vie, traquée par les conséquences de la crise et qui entrevoit son déclassement comme seul horizon.
Walter White, auquel l'acteur Bryan Cranston a donné un visage, est un petit peu chacun d'entre nous. Ce type ordinaire auquel la vie joue un mauvais tour. Il est ce gars, ce petit prof de chimie, qui tourne mal (Breaking Bad) pour de bonnes raisons : il veut sauver sa famille. On pourra objecter qu'il existait certainement d'autres moyens que de fabriquer de la méthamphétamine, mais alors on devra se demander ce que nous aurions fait à sa place ?
Breaking Bad n'est pas seulement une série, c'est un miroir dans lequel nous nous regardons. C'est certainement cette image, pas toujours flatteuse, que l'Amérique n'a pas aimé observer et qu'elle a mis cinq ans à regarder en face.
C'est fait, la 65e cérémonie des Emmy Awards a sacré un héros de tous les jours, un quidam, un individu lambda, qui a succombé aux sirènes de la délinquance. Pour notre plus grand bonheur.
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