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Borgen-La politique, c'est mieux à la télé

Série danoise oscillant entre une forme rafraïchissante d'idéalisme et un traitrement réaliste de l'exercice du pouvoir, Borgen s'adresse à tous les déçus de la politique. Elle s'est imposée en trois saisons comme un plaidoyer en faveur de la démocratie, cette forme de gouvervement que Winston Churchill jugeait la pire à l'exception de toutes les autres qui avaient déjà été essayées. Le troisième et dernier opus a débuté la semaine passée sur Arte. L'occasion de dire au revoir à Birgitte Nyborg.
Article rédigé par Bertrand Dicale
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
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L es séries politiques sont porteuses de fantasmes. Elles ne prétendent à à lever le voile sur la réalité du pouvoir, sur la manière dont il s'exerce ou sur la façon dont certains le confisquent. De le superbe production américaine A La Maison blanche jusqu'à l'essai prometteur français Les Hommes de l'Ombre en passant par la très cynique Boss ou le très british The Thick of It , ces séries passionnent et fascinent le public.

Pourquoi ? Parce qu'elles oscillent entre deux tentations. La première est de représenter la politique telle qu'on aimerait qu'elle soit pratiquée. Avec des dirigeants soucieux du bien commun, à l'écoute de leurs concitoyens, imperméables aux pressions extérieures, des dirigeants habités par plus d'intégrité que d'ambitions personnelles. On rêve de nouveaux Mendès-France.

La seconde est de représenter la politique telle qu'on imagine qu'elle est pratiquée. Avec des chefs de clan, des manipulateurs sans vergogne dont le premier métier est de conserver la fonction qu'ils ont arrachée à d'autres prédateurs tout aussi dangereux qu'eux, mais un peu moins intelligents, un peu moins bien adaptés à leur milieu. Ceux-là intriguent encore plus que les précécents car ils sont les disciples de Nicolas Machiavel dont Le Prince demeure siècle après siècle un bréviaire de survie.

Borgen se situe à mi-chemin entre ces deux représentations. Cela ne veut pas dire qu'elle restitue correctement la vérité. Cela veut seulement dire qu'elle essaie d'offrir une vision nuancée, en partant du postulat que la politique c'est à la fois une question de convictions, de volonté d'oeuvrer pour ceux qui vous ont élus et une question de renoncement, de compromis, la conviction politique se heurtant toujours à des intérêts qui n'ont rien de collectifs.

Les séries politiques passionnent parce qu'elles ne sont jamais décevantes, quel que soit le parti narratif qu'elles aient pris. En regard, la réalité est, elle, souvent source de déception. Comme si cela était la rançon cruelle qu'exigent a posteriori ceux ayant admis un jour de vous laisser décider pour eux.

 

 

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