Vrai ou faux
Les éoliennes étaient-elles à l'arrêt pendant les tempêtes, comme l'affirme un député RN ?

Le député Rassemblement national Daniel Grenon met en cause l'utilité des éoliennes et en veut pour preuve leur mise à l'arrêt pendant les récentes tempêtes. Sauf que les éoliennes ont, en réalité, connu des pics de production à ces dates-là.
Article rédigé par Armêl Balogog
Radio France
Publié
Temps de lecture : 100 min
Eoliennes (photo d'illustration). (AURÉLIEN ACCART / RADIO FRANCE)

Les éoliennes sont-elles des moulins inutiles ? C'est ce que pense le député Rassemblement national de la première circonscription de l'Yonne, Daniel Grenon. Il a dénoncé les investissements réalisés dans le secteur éolien lors d'une prise de parole à l'Assemblée nationale mercredi 6 décembre, alors que la Commission européenne affirme par ailleurs que l'UE aura besoin de 584 millions d'euros pour moderniser l'ensemble de ses réseaux électriques d'ici à 2030, comme le rapporte le journal Les Echos.

Pour lui, il aurait mieux fallu ne pas investir dans l'éolien car "les éoliennes ont démontré leur inefficacité lors des tempêtes d'octobre dernier. Alors que des forces inouïes des vents soufflaient, les éoliennes étaient à l'arrêt". Mais est-ce vrai ?

Non, les éoliennes n'étaient pas à l'arrêt pendant les tempêtes

Ce que dit Daniel Grenon est faux : non seulement les éoliennes n'étaient pas arrêtées pendant les tempêtes du mois d'octobre, mais leur production d'électricité a même augmenté pendant ces épisodes météorologiques.

RTE, le gestionnaire du réseau de transport de l'électricité, met à disposition du public un suivi en temps réel de la production d'électricité par filière en France. Le site éCO2mix permet de sélectionner des dates précises afin de regarder si un secteur a produit ou non de l'électricité pendant ces jours précis.

Cela permet de voir que les éoliennes ont fonctionné tout le mois d'octobre, mais aussi qu'elles ont eu un petit sursaut de production entre le 20 et le 21 octobre, alors que le sud de la France était traversé par la tempête Aline. Cependant, les éoliennes se situant principalement dans l'ouest et le nord de la France, le phénomène a été encore plus marqué lors des deux tempêtes suivantes.

Des pics de production pendant les tempêtes Céline et Ciaran

Entre le 28 et le 29 octobre, la tempête Céline balayait l'ouest du pays et la production d'électricité des éoliennes a atteint son plus haut niveau du mois d'octobre à 15,5 gigawattheures (GWh), soit deux à trois fois plus que les niveaux les plus hauts atteints avant et après le passage de la tempête, les 26 et 30 octobre.

La même chose s'est produite quelques jours plus tard, entre les 1er et 2 novembre, les jours où la tempête Ciaran a frappé le plus durement la Bretagne et le nord-ouest de la France. La production des éoliennes a alors connu un nouveau pic, encore plus haut, à près de 16 GWh. Cette nuit-là, les éoliennes ont même fourni plus d'un quart de la demande d'électricité du pays selon RTE (27%), soit trois fois plus qu'en temps normal. Un parc éolien breton a même atteint sa puissance maximale de production d'électricité, comme le rapporte France 2

En réalité, les éoliennes produisent le plus d'électricité quand les vents sont d'environ 50 km/h et elles s'arrêtent de tourner quand les rafales atteignent 90 km/h pour des raisons de sécurité, afin de maintenir leur intégrité structurelle, comme l'explique Engie sur son site internet. Il est donc vrai que les fortes rafales de vents à 100, 170 ou 200 km/h ne sont pas particulièrement avantageuses pour des éoliennes, au contraire. Sauf que, quand il y a une tempête, il n'y a pas en permanence des fortes de rafales de vents, les éoliennes ne sont donc pas tout le temps arrêtées et elles peuvent profiter de l'augmentation de la vitesse des vents, jusqu'à 90 km/h, pour produire de l'électricité.

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