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Vrai ou faux
Autoroute A69 : la France a-t-elle divisé par quatre ses investissements dans le secteur routier, comme l'affirme Clément Beaune ?

Le ministre des Transports Clément Beaune assure que les crédits consacrés à la route ont largement diminué ces dernières années. Mais sa formulation est au moins trompeuse, voire complètement fausse.
Article rédigé par Armêl Balogog
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le ministre des Transports, Clément Beaune, le 28 juillet 2023. (BERTRAND GUAY / AFP)

Cela fait partie de ces projets de construction dont les défenseurs de l'environnement ne veulent pas, comme l'aéroport de Notre-Dames-des-Landes, le centre d'enfouissement des déchets nucléaires de Bure ou encore la nouvelle ligne de train entre Lyon et Turin. La construction de l'autoroute A69 entre Toulouse et Castres a concentré les contestations pendant le week-end des samedi 21 et dimanche 22 octobre. Des milliers de personnes ont participé à une manifestation, certaines ont essayé d'installer une ZAD dans le Tarn mais ont été évacuées dimanche.

Quelques heures plus tôt, le ministre des Transports était appelé à leur répondre, dans l'émission Questions politiques de France Inter, Le Monde et franceinfo. Clément Beaune a affirmé que la France investissait moins sur les routes qu'avant : "On a divisé par quatre les crédits qu'on consacrait à la route depuis le début de la décennie", selon lui. Vrai ou faux ?

Les investissements pour la route n'ont pas été divisés par quatre

Dis comme ça, les propos du ministre sont faux. Clément Beaune semble parler des montants globaux des investissements pour la route. Selon son ministère, il tire son calcul d'une étude indépendante commandée par Greenpeace et réalisée par le think tank allemand T3 Transportation et par le Wuppertal Institut, un institut de recherche allemand pour le climat, l'environnement et l'énergie. L'étude intitulée "Développement des infrastructures de transport en Europe : explorer la contraction et l'expansion des rails, des routes et des aéroports" et jugée fiable par le ministère.

Sauf que, selon ce document, la France n'a pas investi quatre fois moins pour les routes ces dernières années qu'au début de la décennie 2010. Concrètement, via le budget de l'État, celui des régions, les entreprises publiques et autres, la France a investi plus de 10 milliards d'euros en 2021, contre 14,5 milliards en 2010 – les deux années prises pour référence par le ministère. Les investissements n'ont donc pas été divisés par quatre mais seulement par 1,4.

Les investissements pour le rail ont dépassé les investissements pour la route

Contacté, le ministère des Transports explique que Clément Beaune faisait en fait une comparaison entre les investissements consacrés à la route et ceux consacrés au rail. 

Selon le ministère, c'est l'écart entre les investissements dans le secteur routier d'une part et les investissements dans le ferroviaire d'autre part qui a été divisé par quatre. Pour en arriver à ce chiffre, il a réalisé un calcul un peu complexe à partir de la fameuse étude. La France investissait près de trois fois plus pour les routes que pour le rail en 2010, soit 14,5 milliards d'euros pour les routes contre 5 milliards d'euros pour le rail, alors qu'en 2021, la tendance s'est inversée. Les investissements pour le rail ont dépassé ceux qui étaient consacrés aux routes, soit 11,5 milliards pour le rail contre 10 milliards pour les routes. Autrement dit, le ratio entre les premiers et les deuxièmes était de 2,8 en 2010, alors qu'il n'était plus que de 0,9 en 2021.

De ce point de vue, le calcul du ministère est plutôt vrai même si, en le reproduisant, on ne trouve pas une division de l'écart entre les deux types d'investissements par quatre mais par trois.

Ce que l'étude montre bel et bien, en revanche, c'est que les investissements dans le rail ont plus que doublé en une décennie. 

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